Publié le 03 décembre 2020
ENVIRONNEMENT
Continent très menacé par le changement climatique, l’Afrique est aussi l’un des plus engagés
L'Afrique, continent parmi les plus menacés et déjà impactés par le changement climatique, apparaît aussi comme l'un des champions sur la scène internationale. D'ici la fin de l'année, les États doivent relever leur ambition pour être en ligne sur l'Accord de Paris. Parmi la centaine d'entre eux à avoir annoncé leur intention de le faire, une quarantaine se trouve sur le continent africain.

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En toute discrétion, l’Afrique est l’un des continents les plus engagés dans la lutte contre le changement climatique. À ce jour, une quarantaine d’États africains se sont ainsi engagés à revoir à la hausse leur ambition climatique d’ici la fin de l’année 2020, conformément à ce que prévoit l’Accord de Paris. Et le Rwanda fait partie des 15 pays à avoir déjà présenté une nouvelle contribution climatique volontaire (NDC), dès le mois de mai, s’engageant à une réduction de ses émissions de 38 % d’ici 2030 (sous conditions).
Etat de l'ambition climatique (Climate Watch).
Plus globalement, la majorité des États africains a ratifié l’Accord de Paris. Ne manquent à l’appel que l’Erythrée, la Libye et le Sud-Soudan, en proie à des conflits ces dernières années. "L’Afrique a consenti de grands efforts pour faire avancer le programme mondial d’action pour le climat" estime ainsi un rapport inédit coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat en Afrique (1). Au total, 70 % des pays africains font de l’énergie propre et de l’agriculture une priorité dans leurs NDC. Et l’Agenda 2063 pour l’Afrique pose le changement climatique comme un défi majeur pour le développement du continent.
Le secteur agricole est clé
L’agriculture apparaît comme l’un des secteurs clé, alors qu’elle est un pilier de l’économie africaine. Or, les projections du Giec, le groupe des experts de l'Onu sur le climat, prévoient que le réchauffement aura des effets dévastateurs sur la production agricole et la sécurité alimentaire avec des rendements pouvant baisser d’un quart d’ici 2050, notamment pour le blé. Depuis 2012, le nombre de personnes sous-alimentées a déjà augmenté de 45,6 % dans les pays d’Afrique subsaharienne exposés à la sécheresse. Et dans une grande partie de l’Afrique, la température a déjà augmenté de plus de 1°C par rapport à 1900.
L’enjeu pour le continent est d’allier lutte contre le changement climatique et réduction de la pauvreté. "Dans ce secteur, qui emploie 60 % de la population africaine, les techniques de valorisation utilisant des sources d’énergie efficaces et propres seraient capables de réduire la pauvreté deux à quatre fois plus vite que la croissance de tout autre secteur" notent les auteurs. "Par exemple, l’utilisation de l’énergie solaire et d’une micro-irrigation efficace multiplie par 5 à 10 les revenus des exploitations agricoles, augmente les rendements jusqu’à 300 % et réduit la consommation d’eau jusqu’à 90 %".
Cyclones, inondations, sécheresse, invasion de criquets pèlerins, paludisme : le changement climatique a un impact croissant sur le continent africain. Mais celui-ci manque encore de données scientifiques fiables. "Le rapport sur l’état du climat en Afrique a donc un rôle essentiel à jouer à cet égard, notamment pour étayer les mesures que nous prenons afin d’atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 pour l’Afrique", explique Josefa Leonel Correia Sacko, la Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport sur l'état du climat en Afrique