Publié le 22 août 2018
ENVIRONNEMENT
Climat : sous la pression des industriels, le Canada assouplit son projet de taxe carbone
Le Canada a annoncé début août un assouplissement de son projet de taxe sur les émissions de gaz à effet de serre. Une réponse aux pressions du secteur industriel. Celui-ci y voit une menace pour la compétitivité des entreprises canadiennes face à la concurrence étrangère.

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Avant même d’être mise en œuvre, la taxe carbone canadienne est amenuisée. Ottawa propose que certaines entreprises ne soient taxées que sur 10 à 20% de leurs émissions de CO2, contre 30% initialement prévus, a annoncé le gouvernement canadien début août.
Quatre secteurs considérés à risque élevé concernant leur compétitivité - ciment, du fer et de l’acier, de la chaux et de l’engrais azoté - se verront taxés sur une moyenne de 10% de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Pression des industriels
Le montant de la taxe carbone ne sera pas modifié : de 20 dollars canadiens (13,2 euros) par tonne en janvier, elle grimpera jusqu'à 50 dollars canadiens (33 euros) en 2022.
Plusieurs responsables du secteur, notamment de l'automobile, du pétrole ou de l'acier, ont récemment fait pression sur le gouvernement de Justin Trudeau pour qu'il allège son système de tarification du carbone. Celui-ci doit entrer en vigueur le 1er janvier 2019 et sera imposé dans les provinces qui n’ont pas élaboré leur propre plan.
"Nous avons dit depuis le début que nous discuterions avec les experts de l'industrie et de l'environnement pour trouver le meilleur moyen de réduire les émissions, d'améliorer l'efficacité énergétique et de rester compétitifs : c'est précisément ce que nous avons fait", a déclaré la ministre de l'Environnement dans un communiqué.
Signal négatif
Le projet d'assouplissement de la taxe carbone envoie un "signal négatif", a immédiatement réagi la Fondation David Suzuki, association de défense de l'environnement. "Pourquoi devrions-nous permettre aux émetteurs de carbone de payer moins, justement à un moment où les événements climatiques extrêmes font les manchettes partout autour du monde ?", interroge Gideon Forman, analyste à la Fondation.
Le gouvernement de Justin Trudeau, qui a fait de l'environnement l'une de ses priorités de campagne, avait annoncé l'an dernier la mise en place d'un cadre fédéral pour taxer les émissions de gaz à effet de serre, afin de renforcer les mesures déjà prises individuellement par les provinces. Mais ce projet a suscité la colère de plusieurs provinces, comme la Saskatchewan qui a saisi la justice, suivie en janvier par l'Ontario.
La rédaction avec AFP