Publié le 15 avril 2016
ENVIRONNEMENT
Climat : réunis à Paris, les négociateurs veulent mettre en œuvre l’Accord de Paris
Les chefs de délégation d’une cinquantaine de pays se retrouvent aujourd’hui et demain dans le cadre d’une session informelle de négociations sur le climat. Une session organisée par Paris et co-présidée par le Maroc, pays hôte de la prochaine COP. Ce rendez-vous doit poser les premiers jalons de la mise en œuvre de l’accord sur le climat adopté en décembre dernier. Et préparer le passage de relais entre la présidence française de la COP21 et Marrakech, qui accueillera la COP22 à la fin de l’année.

Adam Berry / AFP
Tout reste à faire. L’Accord de Paris marque le début de la mise en application d’une feuille de route destinée à contenir les émissions "bien en deçà de 2°C", comme le stipule le texte adopté en décembre dernier au Bourget.
Derrière cet objectif, un impératif : l’abandon des énergies fossiles. Ce qui suppose de préparer la transition vers une économie décarbonée, où les énergies renouvelables sont appelées à jouer un rôle central. Aux diplomates d’en poser les jalons.
"Le travail des négociateurs est maintenant d’opérer avant tout un travail de séquençage : définir ce qui doit être fait et quand. En décembre, nous avons obtenu un cadre. Maintenant, il s’agit de s’attaquer aux détails", explique Liz Gallagher, directrice de Climate Briefing Service (CBS) au sein du World Resources Institute.
"S’attaquer aux détails"
Les (très longues) négociations qui ont eu lieu en amont de la conférence sur le climat à Paris étaient de nature politique : il s’agissait pour les diplomates d’opérer un savant numéro d’équilibriste entre défense des intérêts nationaux d’un côté et urgence climatique de l’autre.
L’accord adopté, elles entrent maintenant dans une nouvelle phase, plus technique et plus pragmatique. "C’est une autre diplomatie qui est maintenant à l’œuvre", observe Liz Gallagher. De fait, ces nouvelles négociations sont marquées par un haut niveau de technicité : inventaire des gaz à effet de serre ; relevé, gestion et communication des données climatiques ; comptabilité carbone ; évaluation des performances climatiques ; etc. Autant de points techniques qu’il convient de définir afin de rendre le texte juridique applicable dans les 195 pays membres de la Conférence des parties.
Dynamique inchangée
Ce qui n’entame en rien la dynamique qui a prévalu autour de la COP21. Et ce malgré le départ de Laurent Fabius du Quai d’Orsay, celui de Todd Stern, négociateur en chef des États-Unis, et la démission annoncée de Christiana Figueres de la scène diplomatique internationale. "Que ces grandes figures de la diplomatie climatique quittent la scène peut être perçu comme désavantageux. Mais en même temps, le travail est maintenant différent. Il est moins politique et plus terre-à-terre", relève l’experte.
Liz Gallagher relève aussi que les négociateurs se retrouvent à Paris dans une ambiance constructive. "Nous n’observons pas de différends majeurs. Les diplomates ont eu l’occasion de se rencontrer en début d’année. Chacun a pu exprimer son satisfecit vis-à-vis du texte. Si divergences il y a, elles apparaîtront lors de la prochaine session de négociation (NDLR : qui aura lieu à Bonn, en Allemagne, du 16 au 26 mai prochain)".
Négociation permanente
Les deux jours de réunion informelle dans la capitale française seront donc principalement consacrées à coordonner ce prochain rendez-vous en Allemagne, étape essentielle pour les négociateurs, qui doivent préparer le prochain grand sommet sur le climat : la COP22 à Marrakech.
Cette continuité dans le processus des négociations caractérise la diplomatie climatique : en instaurant la tenue annuelle d’une réunion de toutes les parties – avec tous les rendez-vous intermédiaires qu’elle suppose – la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) applique le principe de la négociation permanente.
Et c’est dans cet esprit que la France, qui préside la COP21, se prépare à passer le relais au Maroc, qui prendra la présidence de la COP22 en novembre prochain. "Ce que fait la France en ce moment, c’est de préparer le terrain pour le Maroc afin de permettre une transition qui soit la plus douce possible. Dans cette optique, la session informelle de Paris est un rendez-vous important pour les deux pays."