Publié le 09 octobre 2018

ENVIRONNEMENT

Climat : après l'alerte du Giec, les cinq raisons d'y croire encore

La publication du nouveau rapport spécial du Giec (1), le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, a fait couler beaucoup d’encre. Mais va-t-il marquer un véritable tournant dans l’histoire de l’humanité ? C’est en tout cas ce qu’espèrent une multitude d’ONG, d’experts, d’investisseurs et d’entreprises. Tous multiplient les déclarations pour convaincre de l’urgence d’agir.

Des mesures climatiques accélérées peuvent générer un gain de 26 000 milliards de dollars.
@MattJeacock

Les dégâts sur l’environnement et l’économie, la politique et les inégalités seront bien plus graves dans un monde à 2°C qu’à 1,5°C. C’est le message du nouveau rapport des experts internationaux sur le climat (GIEC). ONG, entreprises et investisseurs ont largement réagi à sa publication pour convaincre de l’importance d’agir dès aujourd’hui, chacun à son niveau. 

"Que répond-on à un patient vraiment mal en point qui arrive aux urgences ? Qu’on ne peut rien faire pour lui ? Non ! Eh bien pour le climat c’est pareil", lance ainsi Laurence Tubiana, chef de file des négociations de la COP21 et directrice de la Fondation européenne pour le climat.    

1) Il existe d'abord un intérêt économique  

"Nous savons que des mesures climatiques accélérées peuvent générer d'importants avantages économiques, notamment un gain de 26 000 milliards de dollars", précise Dr Andrew Steer, le président du World Resources Institute. "Ces dernières années, le taux de croissance de l’économie verte a été sept fois plus important que celui de l’économie classique", ajoute Pascal Canfin, le directeur du WWF France confirme. "Ce sont les trajectoires rapides et ambitieuses en matière climatique qui permettent le plus d’augmenter les chances de développement, les autres au contraire accroissent les risques de disruption économique" confirme Michel Colombier, cofondateur et directeur scientifique de l’Iddri.

2) Les plus vulnérables seront davantage protégés

"1,5°C signifie une réduction significative des niveaux d'insécurité alimentaire, des pénuries d'eau, de la destruction des infrastructures et de l'élévation du niveau de la mer. Ce demi-degré représente tout pour des milliards de personnes", a réagi le groupe des Pays les moins avancés. "Chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire porte en lui un risque de vie ou de mort. À +1,1°C, nous assistons déjà à des déplacements massifs de population et à une grave augmentation de la faim. Si le réchauffement atteint 2 °C, des communautés entières seront déplacées, et de nombreuses populations insulaires disparaîtront sous les vagues", a également rappelé Emilie Both, porte-parole d’Oxfam France.

3) La biodiversité s'en portera mieux 

"Un réchauffement de 2°C de la planète placerait de nombreuses espèces et écosystèmes sous un risque très élevé de disparition. Même avec une augmentation moyenne de la température mondiale de 1,5°C, les risques sont élevés mais les impacts négatifs sur la biodiversité, en particulier pour les écosystèmes les plus vulnérables seraient nettement réduits", explique Cristiana Paşca-Palmer, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies.

4) Les solutions sont là

"Nous faisons face à un déficit de volonté politique mais pas de solutions", a souligné Morgane Créach, directrice du Réseau Action Climat. "La nature pourrait nous aider à capter plus de 30 % des réductions d'émissions nécessaires. Arrêter la déforestation, protéger les puits de carbone naturels et restaurer les habitats endommagés, ce ne sont pas des concepts, ce sont des solutions que nous pouvons et devons déployer aujourd'hui", a expliqué Peter Bakker, président et directeur général du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (WBCSD).

5) Il y a urgence mais c’est possible 

"Plus d'excuses, plus de retard. 1,5°C est possible. Nous en avons le temps et les moyens. Alors, qu'est-ce qui nous empêche de prendre les mesures qui nous sont demandées ? La politique à courte vue et l'intérêt personnel téméraire des industries polluantes", estime Catherine Abreu, directrice générale du Climate Action Network Canada. "Nous sommes fermement convaincus qu’ensemble avec d’autres entreprises rejoignant le mouvement de lutte contre le changement climatique, nous pouvons contribuer à créer un avenir positif et à éviter les pires effets du changement climatique", a également déclaré en écho Pia Heidenmark Cook, en charge du développement durable chez Ikéa.

Concepcion Alvarez, @conce1

(1) Voir le rapport du Giec (en anglais).


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