Climat : le plus difficile commence
La COP22 s'ouvre ce lundi à Marrakech. Si elle n'aura pas le même écho que le sommet mondial sur le climat qui s'est tenu à Paris l'an dernier, cette 22ème conférence des Parties revêt un enjeu primordial. Les modalités d'application de l'Accord de Paris devront être négociées. Le financement de la lutte contre les effets des changements climatiques dans les pays en développement devra être bouclé. Sans avancées concrètes sur ces deux points, c'est la crédibilité de l'Accord de Paris, entré en vigueur le 4 novembre, qui sera profondément remise en question. Éditorial.

Bravo-Ana / Only World / Only France / AFP
Jamais un accord international de cette importance n'est entré si vite en vigueur. 11 mois seulement. C'est le temps qu'il aura fallu au texte négocié au Bourget fin 2015 pour être ratifié par au moins 55 États représentant au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Cette étape franchie, le plus difficile commence. Pourquoi ? Parce que les États signataires ne risquent rien d'autre que l'opprobre internationale s'ils décident de se retirer. C'est ce qui menace les États-Unis, si Donald Trump, qui a annoncé sa volonté de dénoncer l'Accord de Paris, remporte la présidentielle qui a lieu mardi 8 novembre.
Loin de la médiatisation, nécessaire, de la COP21, les négociateurs vont devoir, lors de la COP22, entrer dans le vif du sujet. Ce qui va se jouer à Marrakech n'est rien d'autre qu'une épreuve du feu, que l'on peut résumer par cette question : les États tiendront-ils les belles promesses formulées à Paris ?
Les pays riches sur la sellette
Au cœur des négociations, le financement de l'adaptation au changement climatique et de la transition énergétique des pays du Sud par les pays développés. Un sujet explosif. Le message des négociateurs des pays en développement, en particulier ceux du bloc africain, est limpide. Et pourrait être traduit ainsi : "Le temps des promesses est terminé. Celui d'un engagement sonnant et trébuchant débute." Si ces promesses de financement restent non tenues, c'est toute la crédibilité de l'Accord de Paris qui sera gravement remise en cause.
L'autre écueil porte sur les modalités d'application de l'Accord de Paris. Quelles règles s'appliqueront ? Et à quelle date ? Les négociateurs n'avaient pas anticipé une ratification aussi rapide et pensaient avoir des années devant eux pour définir ces mécanismes complexes. Le diable se nichant toujours dans les détails, il nous faudra être collectivement attentifs à leur définition et à leur concrétisation.
Urgence accrue
Car le temps presse. 2016 sera l'année la plus chaude jamais recensée. Et l'économie mondiale reste massivement droguée aux énergies fossiles. Sans de rapides et drastiques mesures, consistant notamment à mettre un terme aux subventions accordées au pétrole, au gaz et au charbon, l'objectif de limiter la hausse de la température globale à +2°C ne sera bientôt plus qu'un mirage.
Les effets du réchauffement climatique sont déjà là. La ratification de l'Accord de Paris fut un indéniable succès climatique, diplomatique et géopolitique. Mais il n'est pas encore temps de se reposer sur nos lauriers.