Publié le 14 mai 2020
ENVIRONNEMENT
Glencore, Anglo American... Le fonds souverain Norvégien met le secteur minier sur sa liste noire
En renforçant ses critères d’exclusion du charbon, le fonds norvégien, très engagé sur la lutte contre le réchauffement climatique, vient de classer les grandes entreprises minières au même rang que les électriciens et les pétroliers les plus émetteurs. Ainsi, Glencore et Anglo American se retrouvent sur la liste noire de l’investisseur géant. Seul BHP échappe temporairement à cette sanction.

@Glencore
Mercredi 13 mai, le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde avec plus de 1 000 milliards de dollars d'actifs, a placé sur sa liste noire 12 nouveaux groupes, dont des géants miniers comme le Suisse Glencore et le britannique Anglo American. Avec pour effet de devoir désinvestir de ces entreprises. Le fonds possédait 1,2 % du capital du premier et 2,4 % du capital du second. Un symbole puissant venant d’un acteur majeur de la planète finance, investi dans plus de 9 000 entreprises et contrôlant l'équivalent de 1,5 % de la capitalisation boursière mondiale.
Les décisions du fonds servent bien souvent de repères pour de nombreux autres investisseurs responsables. Ces nouvelles exclusions font suite à des mesures adoptées mi-2019 par le parlement norvégien. Celles-ci imposent de cesser d'investir dans les entreprises produisant plus de 20 millions de tonnes de charbon par an ou plus de 10 000 MW d'électricité à partir de cette énergie fossile. Les anciens seuils d’exclusion, beaucoup plus souples, concernaient les entreprises faisant plus de 30 % de leur chiffre d’affaires avec du charbon.
Mineurs, pétroliers, électriciens
Ces anciens critères avaient protégé jusqu’alors des grandes entreprises aux activités diversifiées comme les producteurs de minerai ou certains électriciens. Désormais, aux yeux du fonds souverain, les mineurs sont à classer au même rang que les producteurs d’électricité sur base charbon et que certains pétroliers. D’ailleurs l’électricien RWE, le premier émetteur de CO2 d’Europe, rejoint aussi la liste noire à la faveur des nouveaux seuils. L’année dernière, le fonds avait également exclu 134 entreprises pétrolières (mais pas les majors), un comble pour un pays premier producteur européen de pétrole.
Reste le cas de BHP Billiton, le géant australien de la mine. Contrairement à ses homologues, et alors qu'il produit bien plus de 20 millions de tonnes de charbon thermique par an, celui-ci est simplement mis sous observation, annonce la Banque de Norvège, en charge du fonds. L’entreprise de Melbourne bénéficie d’un sursis étant donné qu'elle a annoncé de lourds investissements pour abaisser ses émissions. Surtout, elle souhaite vendre ses parts dans des actifs charbon. Le fonds, qui détient 5 % de l’entreprise australienne, regarde de près l’évolution de cette stratégie avant de prendre sa décision.
Enfin, le fonds norvégien exclut sept autres sociétés pour des raisons éthiques. Cela concerne Canadian Natural Resources, Cenovus Energy, Suncor Energy et Imperial Oil en raison de leurs "émissions inacceptables de gaz à effet de serre". Le brésilien Vale et l'égyptien ElSewedy Electric en raison de "dégâts graves sur l'environnement". Et l'électricien brésilien Eletrobras pour des questions de droits humains à Belo Monte.
Ludovic Dupin avec AFP