Publié le 04 mars 2015
ENVIRONNEMENT
COP 21 : la Suisse s’engage à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030
Berne a présenté le 27 février son projet de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc). Il s’agit du premier pays à publier sa contribution, obligatoire en amont de la COP 21 qui se tiendra cet automne à Paris.

Godong / Robert Harding premium
La Suisse est la première à dévoiler son projet.
Elle vient de publier son projet de contribution nationale (Intended nationally determined contribution, ou INDC) à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc).
Tous les États membres ont en effet obligation de dévoiler leur INDC d’ici la fin de l’année, en amont de la COP21. Rappelons que l’ambition de la COP21 est de donner lieu à un nouvel accord climatique universel qui entrera en vigueur en 2020, afin de limiter le réchauffement climatique en dessous de la barre des 2°C.
Moins d'émissions de gaz à effet de serre qu'en 1990
La Confédération helvétique se félicite d’émettre aujourd’hui moins de gaz à effet de serre qu’en 1990, bien que son produit intérieur brut (PIB) ait augmenté de 36% pendant la période.
À ce titre, elle estime avoir atteint son objectif de réduction pour la première période d’engagement du Protocole de Kyoto (2008-2030). Mais l’objet du document est surtout d’annoncer les mesures prévues pour la période 2021-2030, période concernée par l’INDC.
Le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) suisse décrit son engagement comme renforcé. La cible est en effet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % par rapport à 1990 d’ici 2030, dont au moins 30% devront être réalisées sur le territoire suisse.
Cet objectif de 50% s’avère plus ambitieux que celui de l’Union européenne, fixé à 40%.
Effet d’annonce ou modèle à suivre ?
Toutefois, la Suisse n'émet que très peu de gaz à effet de serre. Sa part n'est que de 0,1% seulement des émissions globales, soit 6,4 tonnes par an et par habitant. En termes de responsabilité historique, ses émissions depuis 1990 ne s’élèvent qu’à 0,2% des émissions totales.
De plus, son mix énergétique se concentre principalement sur l’hydroélectricité, à hauteur de 58%, et son industrie lourde est peu développée. En effet, le secteur industriel n’est responsable que de 20,5% des émissions, part inférieure à celle des transports et du bâtiment. Or, initier des changements dans ces secteurs prend du temps.
Arguant de cette faible responsabilité envers le réchauffement climatique et de la marge de manoeuvre réduite de son économie, le projet suisse indique qu’une partie de l’objectif de réduction pourra être réalisé via des investissements à l’étranger.
Le flou sur la nature de tels engagements a été vivement décrié par l’Alliance climatique suisse, regroupant une cinquantaine d’associations, notamment le WWF et Greenpeace.
Elles jugent l’annonce suisse “nettement insuffisante”, et lui reprochent également de ne pas respecter 14 des 16 critères d’évaluation d’une politique climatique équitable et ciblée, définis pendant la conférence de Lima.
La question du fonds vert n’a pas non plus été résolue, pour les associations environnementales suisses. Elles déplorent l’absence d’application du principe du pollueur payeur.
“Il n’est toujours pas clair de savoir comment la Suisse va contribuer équitablement au soutien des pays les plus pauvres, qui doivent s’adapter aux conséquences du changement climatique”, se désole Jürg Staudenmann, d’Alliance Sud. “C’est aux pays riches comme la Suisse d’en faire plus.”
Pour le think tank américain WRI (World ressources institute), qui prévoit de travailler sur chacune des contributions publiées, le document suisse constitue pourtant un “bon modèle de départ”, le WRI saluant sa volonté de transparence.