Publié le 30 mai 2014
ENVIRONNEMENT
Changement climatique : les dettes souveraines exposées
Quel impact les changements climatiques pourraient-il avoir sur la capacité de remboursement des Etats ? C’est sur cette question qu’a planché Standard and Poor's. L’agence de notation financière a rendu publique, le 15 mai 2014, une étude consacrée à ce sujet. Les pays les plus pauvres et mal notés financièrement devraient voir leur handicap aggravé par les évolutions du climat. Si elle n’est pas surprenante, cette étude constitue néanmoins un signal envoyé aux investisseurs afin qu’ils prennent conscience de l’impact du changement climatique sur leurs placements.

© Marlon Tano / AFP
Le changement climatique est l’une des grandes tendances globales susceptibles de mettre en péril les capacités financières des Etats. Tel est le titre d’une note publiée par Standard and Poors.
Si cette affirmation n’a rien de révolutionnaire, le fait qu’elle émane pour la première fois d’une agence de notation crédit attire l’attention. "Les investisseurs doivent savoir quels sont les impacts de ces risques qu’il est encore très difficile de quantifier" explique Moritz Kraemer, qui supervise la notation des Etats chez Standard and Poor's.
Les pays pauvres en première ligne
L’étude alerte sur le poids négatif du changement climatique en termes de croissance, de performance et de finances publiques. Elle souligne aussi le fait qu’un accroissement des inégalités est inévitable. Les Etats les plus pauvres et les plus mal notés sont ceux qui subiront le plus de conséquences. "Nous évoquons la montée en puissance des évènements climatiques extrêmes comme des inondations ou des ouragans. Mais nous expliquons que cela ne dégrade pas forcément la note du pays où ils se produisent" explique Moritz Kraemer. "Ils restent très localisés et peuvent avoir des conséquences limitées même si elles sont spectaculaires. Cela a été le cas par exemple avec l’ouragan Haiyan qui a dévasté les Philippines en novembre 2013".
Le Sénégal, les Philippines, le Nigéria et le Bengladesh seront les plus touchés
Mais si ces évènements s’intensifient et que les capacités de production agricoles diminuent, les Etats verront mécaniquement leur situation financière empirer. Pour Standard and Poors, les Philippines tout comme le Nigeria, le Bengladesh ou le Sénégal sont les pays les plus impactés par le changement climatique, le Cambodge étant le plus mal classé.
Dans le trio de tête des pays les moins impactés, on trouve trois petits pays, l’Autriche, la Suisse et le Luxembourg. La France et les Etats-Unis étant respectivement classés neuvième et dixième :"nous avons établi ce classement à partir des données scientifiques dont nous disposons" explique Moritz Kraemer. "Notre métier est d’évaluer le risque de crédit souverains. Cette étude est une première étape et nous réfléchissons aux suites qu’elle pourrait avoir mais nous ne sommes pas des experts environnementaux".
Au dela de ses limites, l’étude de Standard and Poors participe d’un mouvement plus global : la montée en puissance de la notion de risque carbone dans le secteur financier.
Signe que le sujet est désormais au centre des préoccupations de Standard and Poor's, l’agence de notation a mis en ligne un site web uniquement consacré au changement climatique.