En 2015, le documentaire "Demain" réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent a battu des records d’audience, à la surprise générale. Le film, parti faire le tour du monde des initiatives positives, est très vite devenu un phénomène de société. Trois ans après, le fondateur du mouvement des Colibris, accompagné cette fois de la journaliste Laure Noualhat, a voulu voir ce qu’il restait de cet incroyable élan.

Son nouveau documentaire "Après-Demain" est diffusé ce mardi 11 décembre sur France 2, à 23h15. Et il faut bien reconnaître que le soufflé est retombé. Nulle part la transformation n’a atteint la taille critique pour faire basculer notre modèle.

"Pour que ça prenne, il faut construire un récit plus enthousiasmant que celui imposé par l’Occident autour du capitalisme et de l’argent. Il faut s’interroger sur le sens que nous voulons donner à notre vie. Est-ce qu’on travaille pour cumuler tous ces objets ?", analyse Cyril Dion lors d’une projection en avant-première à Paris. L’écrivain rappelle que l’histoire de l’humanité est bâtie sur des mythes, des fictions qui la poussent à œuvrer collectivement vers un même objectif. "C’est cette histoire que nous devons écrire" lance-t-il.  

Notre capacité à vivre libre menacée   

Dans son dernier ouvrage "Petit manuel de résistance contemporaine" (1), il appelle à prendre conscience des trois grandes architectures qui guident nos actions quotidiennes de façon inconsciente : le besoin de gagner sa vie, les écrans auxquels nous sommes addicts et les lois qui régissent nos interactions sociales.

"À partir du moment où ces architectures sont sous le contrôle d’une minorité de personnes et de structures, guidées par une fiction fondée sur la croissance économique infinie et la maximisation des profits, notre capacité à vivre libres et celle des écosystèmes à résister à notre boulimie matérialiste, sont hautement menacées" écrit-il.

Selon lui, le point de départ de ce nouveau récit à construire passe par la coopération et l’altruisme. "Ça commence par chacun de nous car, en transformant notre fiction individuelle, nous proposons à ceux qui nous entourent le ferment d’un récit collectif pour engager la bascule. Chaque chose que nous faisons doit participer à construire le monde dans lequel nous voulons vivre." Et de rappeler que c’est la science-fiction qui a montré l’homme sur la Lune avant que celui n’envisage d’y aller et n'y aille finalement. Tout est encore possible.

Concepcion Alvarez, @conce1

(1) Petit manuel de résistance contemporaine, Cyril Dion, Actes Sud, mai 2018, 160 pages.