Publié le 10 février 2021
ENVIRONNEMENT
Réduction des émissions de gaz à effet de serre : la France tient son objectif après l'avoir abaissé
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a annoncé le 7 février, que la France avait dépassé ses objectifs climatiques pour 2019, avec une réduction de 1,7% des émissions de gaz à effet de serre. L'annonce a été largement critiquée par les associations et les opposants politiques : si le cap est tenu, c'est d'abord parce que le gouvernement a réduit ses ambitions un an plus tôt.

Flory
Ironie du calendrier : le résultat a été annoncé quelques jours seulement après que la France ait été condamnée par le tribunal administratif de Paris pour le non-respect de ses objectifs climatiques. Dimanche 7 février, le gouvernement s'est félicité d’un recul de 1,7% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2019. Soit plus que ce qui avait été initialement estimé, a annoncé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Dans la première évaluation de juin 2020, le Centre technique d'études de pollution atmosphérique (CITEPA) avait tablé sur une diminution de seulement 1% des émissions. Sur Twitter le président Emmanuel Macron a applaudi un résultat "au-delà de notre objectif" , miroir "d’une écologie du concret et du progrès". Ce recul viendrait principalement d'un recours réduit au fioul de chauffage et aux gaz fluorés dans l'industrie.
La France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre en 2019 de -1,7%. C’est au-delà de notre objectif ! C’est le résultat d’une écologie du concret et du progrès. C’est le fruit de nos efforts à tous. Avec la loi climat, préparée avec vous, nous allons encore accélérer.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 7, 2021
Dans les faits, le cap est tenu : "La baisse 2019/2018 est supérieure à la baisse moyenne attendue par la trajectoire de la SNBC entre ces deux années (-1,5 % par an)", indique le site internet du gouvernement. La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), est la feuille de route pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Elle fixe des plafonds annuels d’émissions à ne pas dépasser.
Des engagés tenus… car moins ambitieux
L'enjeu se trouve ici. Si la France a rempli ses objectifs, c’est d’abord parce qu’elle a revu ses ambitions à la baisse par le biais de la SNBC. En 2015, le pays avait annoncé la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 2,3% en 2019. Mais, face à son incapacité à tenir cet engagement, le gouvernement a décidé l’année dernière de revoir son ambition à la baisse en ne visant qu’un objectif réduit à 1,5% par an jusqu'en 2023.
Un tour de passe-passe qui a été très vite pointé du doigt par les associations et les opposants politiques. Le député Mathieu Orphelin (ex LREM) a ainsi dénoncé des "mensonges" et un "exercice de pure communication". Même constat pour la coordinatrice du Réseau Action Climat, Anne Bringault, qui déplore un objectif modifié pour être "plus facile à atteindre".
Moche de tronquer la vérité et de ne pas indiquer que l'objectif 2019 a été modifié début 2020 pour être rendu plus facile à atteindre (avec la révision de la SNBC).
L'objectif initial était une baisse de 2,3 %.
Reporter les baisses à plus tard n'est pas responsable. https://t.co/gEhzAbMIT2— Anne Bringault (@AnneBringault) February 7, 2021
"Il nous reste beaucoup de chemin à faire, mais nous sommes sur les rails pour respecter nos engagements", a admis la ministre de la Transition écologique. Et le chemin est encore long : fin janvier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a expliqué dans son avis que le texte issu de la Convention citoyenne pour le climat ne permet pas d'atteindre les objectifs climatiques fixés par la France.
Pauline Fricot, @PaulineFricot