Publié le 18 août 2020
ENVIRONNEMENT
Apple veut atteindre la neutralité carbone d'ici dix ans
Le géant américain Apple a annoncé fin juillet vouloir atteindre la neutralité carbone tout au long de sa chaîne d'approvisionnement d'ici 2030. Le défi sera difficile tant les sous-traitants pèsent lourd dans l'impact carbone des entreprises de la tech. Le but est de réduire de 75 % les émissions d'ici 10 ans et d'en compenser 25 %. Parallèlement neuf multinationales (Starbucks, Unilever, Nike...), emmenées par Microsoft, ont créé une coalition pour partager leurs informations et connaissances sur la lutte contre le réchauffement climatique.

@Apple
À force d’être épinglé pour leur rôle dans la crise climatique, les géants du web s’engagent. C’est ainsi qu’Apple a annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone pour sa chaîne d’approvisionnement et ses produits d’ici 2030. "En agissant pour le climat, nous posons les bases d’une nouvelle ère marquée par l’innovation, la création d’emplois et la croissance économique durable. Avec notre engagement pour la neutralité carbone, nous espérons amorcer un changement profond dans l’industrie", a déclaré Tim Cook, PDG du géant américain.
Le poids des géants de la Tech dans le réchauffement climatique est en effet surtout lié aux émissions de gaz à effet de serre des sous-traitants qui effectuent la fabrication de leurs produits. La première étape pour Apple a été de parvenir à la neutralité carbone en matière d’émissions rejetées par ses propres activités à travers le monde. Ainsi, depuis 2018, tous les sites d’Apple dans le monde sont alimentés à partir d’énergies renouvelables. La nouvelle ambition de la marque à la pomme concerne l’ensemble de la fabrication des appareils Apple.
Une baisse de 75 % des émissions
Pour y parvenir, le groupe explique dans son rapport d’évolution environnementale publié fin juillet, qu’il compte réduire ses émissions de 75 % d’ici dix ans et parallèlement mettre au point "des solutions innovantes d’élimination du dioxyde de carbone pour les 25 % d’émissions restantes". Il s’agit en réalité de compenser ses émissions à travers notamment des plantations aux États-Unis, en Chine ou encore au Kenya.
C’est un "grand pas dans la bonne direction", a tweeté Élisabeth Jardim, qui travaille à Greenpeace US. Mais dans le New York Times, elle nuance : "Il est essentiel de voir les plans détaillés sur la manière dont l’entreprise poursuivra une décarbonisation en profondeur plutôt que de s’appuyer sur des initiatives de compensation (…)". Le principe de compensation carbone est en effet critiqué pour de multiples raisons. "Cela incite davantage au statu quo qu’au changement de système", expliquait à Novethic en juin dernier Augustin Fragière, docteur en sciences de l’environnement.
Partage de connaissances entre multinationales
Apple n’est pas le seul à se lancer dans cette démarche. En janvier dernier, Microsoft avait créé la surprise en se fixant comme objectif de devenir négatif en carbone d’ici 2030 et d’éliminer, d’ici 30 ans, tout ce qu’il a émis dans l’atmosphère depuis sa création en 1975. Cynthia Cummis, directrice de l’atténuation du changement climatique au World Ressources Institute (WRI), estimait n’avoir "jamais vu cela auparavant". Pour y parvenir, Microsoft a annoncé investir un milliard de dollars dans un "fonds d’innovation pour le climat".
Neuf autres multinationales emmenées par Microsoft se sont de leur côté engagées dans une coalition dont le but affiché est de "permettre à toutes les entreprises d'atteindre un bilan carbone neutre" d'ici 2050. Baptisée "Transform to Net Zero", cette initiative regroupe pour l'instant le transporteur danois AP Moller-Maersk, la chaîne américaine de cafés Starbucks, les groupes agro-alimentaires français Danone et anglo-néerlandais Unilever, le constructeur automobile allemand Mercedes-Benz, le groupe brésilien de cosmétiques Natura & Co, l'équipementier sportif américain Nike ainsi que le groupe de consulting en informatique indien Wipro.
Ces organisations originaires de divers pays et secteurs d'activité veulent partager leurs informations et expériences sur les meilleures façons de limiter les émissions de carbone et aider ainsi à restreindre l'augmentation de la température moyenne sur Terre à 1,5 °C, détaille un communiqué.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP