Publié le 26 mai 2018
ENVIRONNEMENT
Ancien climatosceptique, le nouvel administrateur de la Nasa reconnaît le rôle de l’activité humaine sur le réchauffement
La nomination par Donald Trump, le 23 avril 2018, de Jim Bridenstine à la tête de la Nasa a soulevé l’inquiétude de l’agence spatiale américaine, et de toute la communauté scientifique mondiale. Soutien du Président, l’homme, sans passé scientifique, avait défendu des positions climatosceptiques ces dernières années. Heureusement, celui-ci vient de changer son fusil d’épaule.

@nasa
Le nouvel administrateur de la Nasa a admis mercredi 23 mai qu'il avait revu sa position sur l'impact des émissions de gaz à effet de serre sur le réchauffement de la planète. "Le rapport national sur le climat (...) a conclu qu'il était extrêmement probable que l'activité humaine soit la première cause du réchauffement climatique, et je n'ai aucune raison de douter de la recherche scientifique à l'origine du rapport", a déclaré Jim Bridenstine lors d'une audition au Sénat.
Il répondait à une question d'un sénateur démocrate, Brian Schatz, qui lui a ensuite demandé de confirmer qu'il croyait bien que les humains changeaient le climat. "Oui", a répondu Jim Bridenstine. "Êtes-vous d'accord qu'il s'agit d'un changement d'opinion de votre part ?", a ajouté le démocrate. "Oui", a confirmé l’administrateur de la plus grande agence scientifique publique au monde, avec 19 milliards de dollars de budget, soit plus d’un tiers du budget de la recherche académique outre-Atlantique
Tentative de musèlement
Dans la foulée, l'administrateur de la Nasa a confirmé que l'agence spatiale continuerait d'étudier les cycles du carbone sur la Terre. "La recherche scientifique ne doit pas être partisane", assure-t-il. "Vous avez ma parole". Un gage fort donné aux chercheurs de la Nasa, alors qu’il y a quelques jours, la Maison Blanche a supprimé un programme de la Nasa destiné à surveiller dans l'atmosphère le dioxyde de carbone et le méthane. L’information provient d’un porte-parole de l'agence spatiale, confirmant une information de la revue Science.
Le programme Carbon Monitoring System (CMS), d'un montant de 10 millions de dollars par an, cherche les sources d'émission et les puits de dioxyde de carbone, et crée des modélisations en haute résolution des flux de ce gaz à effet de serre sur la Terre, a expliqué jeudi la revue américaine.
Attaque contre la science climatique
"L'administration du président Donald Trump a discrètement tué le CMS", a écrit un porte-parole de la Nasa, qualifiant cette décision de "dernière attaque d'envergure (en date) contre la science climatique" opérée par la Maison Blanche. Selon Science, la Nasa "a refusé de fournir une raison à cette annulation autre que des contraintes budgétaires et des priorités plus pressantes au sein du budget scientifique".
La revue a cité également Steve Cole, un porte-parole de la Nasa, soulignant qu'il n'était fait mention du CMS nulle part dans le budget adopté en mars par le Congrès américain ce qui "a permis à l'initiative de l'administration d'entrer en vigueur". Le porte-parole a précisé que le président américain avait proposé l'an dernier de supprimer le programme CMS ainsi que quatre autres missions scientifiques de la Nasa.
Ludovic Dupin avec AFP