Publié le 19 novembre 2019
ENVIRONNEMENT
Air France veut compenser 100 % des émissions de CO2 de ses vols intérieurs dès 2020
Air France veut-il limiter les effets du flygskam, ce phénomène de "honte de prendre l’avion" venu de Suède ? La compagnie aérienne a annoncé vouloir compenser tous ses vols domestiques et réduire de 50 % ses émissions de CO2 au passager par kilomètre. Des engagements qui s'inscrivent dans l'air du temps mais qui pourraient ne pas suffire à convaincre les plus réticents, la méthode de compensation des émissions étant très critiquée.

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Air France fait des efforts. La compagnie vient d’annoncer vouloir compenser 100 % des émissions de CO2 de tous ses vols domestiques dès le 1er janvier 2020. "Nous devons accélérer la transition vers un transport aérien plus durable et nous prenons volontairement de nouveaux engagements pour aujourd’hui et à horizon 2030", a expliqué Anne Rigail, directrice générale d’Air France.
La compagnie compte aussi réduire de 50 % ses émissions de CO2 au passager/km d’ici 2030 par rapport à 2005. Il s’agit donc d’atteindre une consommation de carburant inférieure à 3 litres par passager aux 100 km. Ces engagements "Air France les prend volontairement, sans y être contraint", a déclaré la DG dans une interview au Parisien.
L'effet Greta Thunberg
Beaucoup voient dans ces annonces un moyen de lutte contre ce phénomène venu de Suède et appelé le "flygskam". Ce phénomène de "honte de voler" pour des raisons écologiques a eu des effets concrets sur le trafic aérien du pays nordique. En un an, selon l’Agence suédoise des transports, le nombre de passagers a baissé de 4,4 %. L’opérateur Swedavia AB qui gère plusieurs aéroports dont les deux plus gros du pays atteste d’une chute de son trafic pour la première fois en 10 ans.
Il faut dire que la Suède est le pays de la jeune activiste Greta Thunberg qui a elle-même décidé de boycotter l’avion. Elle a rejoint New York en bateau afin d’interviewer au Sommet Climat de l’ONU. Plus tôt, elle avait fait 32 heures de train pour rejoindre Davos lors du Forum économique mondial. Côté Hexagone, Air France affirme ne pas avoir le recul nécessaire pour constater de l’impact de ce phénomène. Mais Guillaume Pepy, ex-président de la SNCF, a annoncé en septembre un trafic record de voyageurs ferroviaires cet été, qu’il explique notamment par le flygskam.
La compensation n'est pas une solution miracle
"Je crois que les gens font de plus en plus attention à leur décision par rapport à la planète. (...) Les gens sont cohérents, ils réclament plus d’écologie de la part des hommes et des femmes politique. Mais ils se disent : si moi personnellement, individuellement, je ne fais rien, et bien je suis en contradiction", avançait-il. Face à cette situation, Air France prend donc les devants. Reste à savoir si la compensation de ses vols sera suffisante.
Cette méthode a été parfois critiquée par les associations environnementales. Récemment, l’ONU Environnement a nuancé l’utilité de ces compensations qui "risquent de donner l’illusion dangereuse d’un correctif qui permettra à nos émissions énormes de continuer à croître". Car l’enjeu est avant tout de réduire les émissions avant même de les compenser. "ONU Environnement soutient les compensations de carbone en tant que mesure temporaire jusqu'à 2030 et en tant qu'outil pour accélérer l'action climatique", a déclaré Niklas Hagelberg, spécialiste du climat à ONU Environnement. "Cependant, ce n'est pas une solution miracle, et le danger est que cela peut conduire à la complaisance."
Marina Fabre, @fabre_marina