Publié le 23 juillet 2018
ENVIRONNEMENT
AG2R La Mondiale et Macif excluent le charbon de leurs investissements
Face à l’urgence climatique, les acteurs financiers s’engagent de plus en plus. Alors que pour rester dans un scénario 2°C, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que les centrales à charbon existantes ne doivent plus être utilisées d’ici 2040, Macif et AG2R La Mondiale ont annoncé l'exclusion des entreprises les plus actives du secteur.

@JorgHeimannBilderberg/AFP
Après les banques, les assureurs disent stop au charbon. Macif a décidé d’aller un cran plus loin pour aligner son portefeuille à l’objectif 2°C. Alors que l’assureur excluait déjà les détenteurs de mines de charbon depuis mi-2016, il élargit sa politique aux 120 entreprises les plus agressives du secteur selon la "Coal Plant Developers List" (CPDL), établie par l’ONG allemande Urgewald (1). Il s’engage par ailleurs à mettre en œuvre les recommandations de la TCFD (Task Force on Climate Related-Financial Disclosures) sur le reporting climat.
De son côté, AG2R La Mondiale, qui adopte pour la première fois une politique publique sur le charbon, exclut de son portefeuille toutes les entreprises qui génèrent plus de 30 % de leur mix électrique à partir de charbon. L’assureur ne financera plus non plus les entreprises qui prévoient d’augmenter leurs capacités charbon de plus de 1 %. Cela représente 282 développeurs, selon Les Amis de la Terre. Par ailleurs, le groupe reconnaît la nécessité d’une sortie du charbon en 2030 dans les pays de l’Union européenne et s’engage à dialoguer avec les entreprises pour respecter ce délai.
Quatre assureurs engagés
Ces annonces font écho à l’engagement collectif pris par la Fédération française de l’assurance en décembre dernier, à la veille du One Planet Summit, le sommet sur la finance verte. Elle déclarait alors prendre ”acte de la volonté de ses membres de ne plus investir dans les entreprises qui ne renonceraient pas à leur plan de développement de nouvelles centrales à charbon”. Sept mois plus tard, quatre assureurs se sont finalement engagés concrètement.
Avant Macif et AG2R La Mondiale, Axa a abaissé son seuil d’exclusion de 50 à 30 % du chiffre d’affaires provenant du charbon. Mais surtout, le plus gros assureur français ne soutiendra plus aucune entreprise qui construit de nouvelles centrales ou qui extrait plus de 20 millions de tonnes de charbon par an. Le réassureur Scor désinvestit lui aussi les entreprises dépendantes à plus de 30 % du charbon et ne proposera plus d’assurances liées à de nouvelles mines de charbon.
Fermer toutes les centrales européennes d’ici 2030
"Ces décisions sont en prise avec l'urgence climatique et reflètent la prise de conscience croissante chez les acteurs financiers qu'il est urgent d'adopter des politiques qui permettent d'enrayer réellement le développement d'un secteur dont il nous faut sortir au plus vite", réagit Lucie Pinson, référente de la campagne Finance privée des Amis de la Terre France. Elle appelle désormais Groupama et Covéa à faire de même. Les deuxième et troisième assureurs français investissent respectivement 42 millions et 11 millions d’euros dans les entreprises de la CPDL.
Le scénario 2°C implique pour l’Union européenne que 25 % des centrales au charbon actuellement en service doivent être fermées d’ici 2020, puis 72 % d’ici 2025, avant d’être complètement fermées d’ici 2030. Or, 61 GW de nouvelles capacités de production de charbon sont encore en cours de planification ou de construction.
Concepcion Alvarez, @conce1