Publié le 26 avril 2017
ENVIRONNEMENT
60 % des investisseurs mondiaux prennent en compte l’impact du changement climatique
Les principaux investisseurs mondiaux prennent de plus en plus en compte les risques financiers liés au climat, mais cette progression se fait de façon inégale. L’Europe fait figure de bonne élève tandis que la plupart des investisseurs américains et chinois continuent d’ignorer les risques et les opportunités que présente le changement climatique. C’est ce qui ressort du dernier classement annuel de l’ONG britannique Asset Owners Disclosure Project (AODP) publié ce mercredi.

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L’AODP a passé au crible les politiques climatiques des 500 plus gros investisseurs mondiaux et, pour la première fois, des 50 principaux gestionnaires d’actifs. Résultat : 60 % des investisseurs institutionnels analysés fournissent désormais des informations sur l’impact du changement climatique sur leurs investissements. Une progression de 18% par rapport à 2015. C’est le cas aussi de la quasi-majorité des gestionnaires d’actifs. Autre élément positif, 22% des investisseurs institutionnels vont plus loin et ont commencé à prendre des mesures concrètes.
Cependant, cette prise de conscience se fait de façon disparate. Plus de 200 investisseurs, représentant 12 500 milliards de dollars, ne font encore rien pour prendre en compte les impacts du changement climatique. Les mauvais élèves sont principalement américains et asiatiques. En Chine par exemple, 67% des investisseurs analysés ont obtenu la note "X", la plus basse du classement signifiant "à la traîne". Ils sont 63% aux Etats-Unis.
"Il est choquant que de nombreux fonds de pension et assureurs continuent d’ignorer les risques climatiques et jouent avec l'épargne de millions de personnes", a déclaré Julian Poulter, directeur général de l'AODP, cité dans un communiqué. "A mesure que le nombre de ces retardataires va diminuer, leur exposition va considérablement augmenter et il sera trop tard pour éviter les pertes", ajoute-t-il.
La France en haut du classement
Le classement reste dominé par l’Europe (à l’exception notable de l’Allemagne) avec 20 acteurs européens parmi les mieux notés sur 34. Aucun investisseur institutionnel n'ignore par exemple le risque climatique aux Pays-Bas, en Irlande et dans les pays scandinaves. La France occupe le 6e rang mondial avec 13 investisseurs. Le FRR (Fonds de réserve pour les retraites) et l’ERAFP (Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique) apparaissent comme les plus mobilisés avec un AAA, occupant respectivement la 11e et 14e place.
Le groupe AXA fait un bond et passe du 40e au 23e rang avec un AA. Il double la Caisse des Dépôts (dont Novethic est une filiale), qui perd 11 places et est désormais 24e. CNP Assurances, 79e, gagne 11 places, tandis que BPI France progresse de 125 places pour arriver 96e. Suivent Crédit Agricole Assurances, MAIF, SCOR, Natixis Assurances et Groupama. Deux gestionnaires d'actifs français figurent de leur côté dans le top 10 des asset managers les plus en avance selon le classement de l'AODP : Natixis Global Asset Management (7e) et AXA IM (8e).
Enfin, s’agissant des investissements bas-carbone, ils s’élèvent à 203 milliards de dollars, en hausse de 68% en 2016. Mais cette somme ne représente que 0,5% des actifs totaux ! Les investisseurs français consacrent en moyenne 0,9% de leurs actifs aux investissements bas carbone, loin derrière les néo-zélandais qui dépassent quant à eux la barre des 3%.