Publié le 03 mai 2018
ENVIRONNEMENT
Cinq chiffres qui prouvent que le combat pour le prix du carbone avance (un peu) dans le monde
Depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat, de plus en plus de pays ont mis en place des taxes ou des marchés pour donner un prix au CO2. De quoi pousser les entreprises à investir davantage dans la transition énergétique. Pourtant, les efforts doivent être poursuivis, selon le think tank I4CE qui publie un panorama sur le sujet. En effet, les prix pratiqués sont loin d’être en ligne avec la trajectoire 2°C fixée par l’Accord.

@Vladwel
1. 32 milliards de dollars : c'est le revenu généré en 2017 par la tarification du carbone
"Les revenus du carbone représentent un levier de financement de plus en plus important pour l’environnement et l’économie", estime I4CE, un think tank spécialisé sur l'économie du climat. En 2017, les instruments de tarification du carbone ont généré 32 milliards de dollars (26 milliards d’euros) de revenus en 2017, dont 65 % provenant de taxes sur le carbone. Au total, en 2016, ces revenus n’étaient que de 22 milliards de dollars. Plus des deux tiers de ces revenus proviennent des pays membres de l’Union européenne.
Près de la moitié (46 %) de ces revenus sont utilisés pour des projets dédiés à la transition bas carbone, 44 % sont alloués dans le budget public général, 6 % financent les exemptions de taxes fiscales et 4 % sont directement transférés aux entreprises et aux foyers.
2. 60 % du PIB mondial est couvert par un prix du carbone
Au 1er avril 2018, 46 pays et 26 provinces ou villes ont mis en place une tarification du carbone, que ce soit par le biais de taxe ou des systèmes d’échange de quotas d’émission. Ce qui permet d’atteindre une couverture de 60 % du PIB mondial. Mais, selon I4CE, c’est encore "trop peu" vis-à-vis de l’enjeu.
Carte mondiale des prix explicites du carbone (I4CE). Cliquez pour voir en grand.
3. 25 instruments de tarification carbone sont annoncés pour les prochaines années
En 2017, trois systèmes d’échanges de quotas d’émissions (SEQE) et trois taxes carbone ont été mis en place. Parmi les pays qui se sont pliés à l’exercice, on trouve des poids lourds comme la Chine ou le Canada qui font partie des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Ainsi entre 2016 et 2018, le pourcentage des émissions planétaires couvertes par la tarification carbone a presque doublé, passant de 13 % à 20/25 %, essentiellement par l’entrée en vigueur du système d’échange chinois en 2017. Pour les années à venir, plus de 25 instruments de tarification sont annoncés.
4. 1 à 139 dollars : c'est le delta des prix du carbone
Il n’existe pas de prix mondial du carbone. Résultat, ceux-ci varient considérablement d'un pays à l'autre ! Ainsi, quand la tonne coûte moins de 1 euro en Ukraine, elle grimpe à 139 euros en Suède. Globalement, les prix pratiqués ne permettent pas d’atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris, c’est-à-dire une limitation de la hausse de la température globale à 2°C d’ici la fin du siècle.
5. 75 % des prix mondiaux sont inférieurs à 10 dollars la tonne
75 % des émissions sont couvertes par des prix ne dépassant pas 10 dollars (8 euros) la tonne de CO2. Un montant jugé trop faible par les acteurs économiques. En 2017, la Commission de haut niveau sur les prix du carbone, présidée par les économistes Stern et Stiglitz, recommandait des prix allant de 40 à 80 dollars la tonne d’ici 2020 puis entre 50 et 100 dollars d’ici 2050.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
La publication "Les comptes mondiaux du carbone en 2018" est disponible ici.