Publié le 23 juin 2020
ENVIRONNEMENT
38°C en Sibérie : record de chaleur dans l’un des points les plus froids de l’hémisphère Nord
En Sibérie, dans la ville de Verkhoïansk, située au-delà du cercle polaire, les météorologues viennent d'enregistrer un record de température de 38°C. Un record qui intervient après une vague de chaleur persistante dans la zone. Plusieurs experts y voient un "signal d'alarme assourdissant qui confirme l'urgence de s'adapter au changement climatique".

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Il fait chaud à Paris… mais aussi en Sibérie. La petite ville de Verkhoïansk, située au-delà du cercle arctique, à 67° de latitude Nord, connue pour ses températures très basses, a enregistré samedi 20 juin un record de température avec 38°C affiché au thermomètre. "Du jamais vu pour cette latitude", note La Chaîne Météo. Les experts rappellent ainsi qu’en 1882, dans cette zone, le mercure était tombé à -67,8 °C.
"Ce qui se passe en Sibérie cette année est tout simplement incroyable", a écrit sur Twitter le météorologue de SBC, Jeff Berardelli. "C’est le genre de température (38 °C en juin, NDR) que nous attendions d’ici 2 100", note-t-il. À cette période de l’année, les températures avoisinent habituellement les 20 °C.
Likely the hottest temperature ever recorded in the Arctic happened today-100.4 F- What's happening in Siberia this year is nothing short of remarkable. The kind of weather we expect by 2100, 80 years early.
For perspective Miami has only reached 100 degrees once on record. https://t.co/WDPRmLRD4d— Jeff Berardelli (@WeatherProf) June 20, 2020
Cette vague de chaleur exceptionnelle s’explique par deux phénomènes. D’abord, un anticyclone, voire un "dôme d’air chaud" qui "fait suite à une période de six mois au cours de laquelle les températures ont été excessivement douces dans la région", comme l’explique dans 20 minutes le directeur de recherche au Laboratoire de Glaciologie et de géophysique de l’environnement, Gerhard Krinner.
L'Arctique se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne mondiale
Le deuxième phénomène est le réchauffement climatique."Les canicules records observées en Sibérie depuis plusieurs mois doivent être interprétées comme un signal d’alarme assourdissant qui confirme l’urgence de s’adapter au changement climatique", notent plusieurs scientifiques dans la revue New Scientist.
Cette situation s'explique par la mise en place d'un dôme anticyclonique chaud en altitude, situation météo typique des canicules, visible sous forme de bulle rouge foncé tenace. Ce à quoi il faut ajouter l'influence du réchauffement climatique, amplifié en Arctique pic.twitter.com/hOUbIXIFWy
— Gaétan Heymes (@GaetanHeymes) June 20, 2020
Ce qui inquiète les scientifiques ce n’est pas tant le record de chaleur enregistré - le précédent était de 37,3°C en 1988 - mais la persistance de cette chaleur, qui a provoqué d'impressionnants incendies en Sibérie. "Cet hiver a été le plus chaud en Sibérie depuis le début des enregistrements il y a 130 ans", note dans The Guardian la météorologue Marina Makarova. "Les températures moyennes étaient jusqu’à 6 °C supérieures aux normes saisonnières", précise-t-elle.
L’Arctique est particulièrement victime du réchauffement climatique. La région se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne mondiale, provoquant une fonte du pergélisol, cette couche de glace vieille de plusieurs années qui recouvre un quart des terres émergées de l’hémisphère Nord. Fin mai, dans l’Arctique russe, sa fonte aurait été à l'origine d'une catastrophe écologique "sans précédent" dans la zone. Suite à l'effondrement du réservoir d'une centrale thermique, 20 000 tonnes d'hydrocarbures se sont déversées dans la rivière de l'Ambarnaïa. Une grave fuite qui a poussé le président russe Vladimir Poutine à déclencher l'état d'urgence nationale.
Marina Fabre, @fabre_marina