Publié le 25 janvier 2021
ENVIRONNEMENT
Après un répit en 2020 sur les émissions de CO2, les plans de relance sont la dernière chance de sauver le climat
Les experts sont formels : si nous voulons rester sous la barre des 1,5°C, il nous reste moins de dix ans pour agir. Or, le monde n'est pas du tout sur la bonne trajectoire. Et bien que la pandémie de Covid-19 a permis une chute brutale des émissions en 2020, le répit ne devrait être que de courte durée si nous ne changeons pas en profondeur nos modes de production et de consommation. La clé réside dans les plans de relance qui doivent de toute urgence passer au vert.

@CCO
"On se souviendra de 2020 comme l'année où on est entrés dans un monde du changement climatique car elle sera la plus froide de la prochaine décennie", résume Saleemul Huq, directeur de l’International Centre for Climate Change and Development (ICCD). Les experts du Giec sont formels : il n’est pas trop tard pour agir mais il faut s’y mettre tout de suite. "Si nous n'agissons pas maintenant, nous allons vers un monde en permanence en gestion de crises", prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte.
Pour garder un espoir de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % chaque année de 2020 jusqu'à 2030, précise l'ONU. Or, ce n’est pas du tout la trajectoire sur laquelle nous nous situons puisque les émissions mondiales ont augmenté en moyenne de 1,4 % par an sur la dernière décennie. Elles ont même atteint un record en 2019 avec une hausse de 2,6 % par rapport à 2018, notamment en raison des feux de forêt. À ce rythme, estime le Global Carbon Project, il nous reste moins de dix ans pour rester sous la barre des 1,5°C.
2020, un répit temporaire
En 2020, la pandémie du Covid-19, a entraîné une chute brutale des émissions mondiales d'environ 7 %, en mettant à l'arrêt pendant de longs mois une bonne partie de l'économie mondiale et des activités humaines. "Mais nous aurions pu penser, vu à quel point nos vies ont été perturbées, que les émissions de carbone auraient diminué encore plus drastiquement. Dès que nous avons été déconfinés, presque tous les secteurs sont retournés à leurs taux normaux d’émissions", explique Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement.
L’exemple de la Chine, où la pandémie a débuté, est ainsi frappant. La mise en place rapide de mesures de confinement ont permis à l’économie chinoise d’avoir plus de temps pour se redresser en 2020 que d’autres régions du globe. Ainsi, la pandémie de Covid-19 n’a entraîné qu’une diminution de 1,7 % des émissions chinoises en 2020. "Le Covid-19 n’aura été qu’un répit temporaire pour la lutte contre le réchauffement climatique. Le moyen d'atténuer le changement climatique n'est pas d'arrêter les activités mais d'accélérer la transition vers des énergies bas carbone", insiste le scientifique.
Des plans de relance pas assez verts
Pour les spécialistes, l’espoir réside dans les plans de relance dont l’ampleur est sans précédent : 12 000 milliards de dollars, soit 12 % du PIB mondial. Selon les calculs du PNUE, une relance verte permettrait de réduire de 25 % le niveau des émissions en 2030. Mais pour l’instant, "cette opportunité a été largement manquée", estime l’institution onusienne. Les mesures de relance ont principalement soutenu des secteurs intensifs en carbone ou au mieux, neutres. Et seul un quart des membres du G20 - la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Corée du Sud - ont consacré une part importante de leurs dépenses pour des mesures de transition écologique.
Des chercheurs ont pourtant démontré que des réductions substantielles d’émissions pouvaient avoir des conséquences rapides sur le réchauffement climatique. "Agir maintenant nous permet d'empêcher l'accélération du réchauffement dans les décennies à venir comme de le limiter à long terme", estime Christine McKenna, auteure principale d'une étude publiée dans la revue Nature Climate Change en décembre. Sur un plan économique, ne pas agir se révélerait extrêmement plus coûteux que d’investir dès aujourd’hui dans la transition bas-carbone.
Concepcion Alvarez @conce1