Publié le 28 décembre 2017
ENVIRONNEMENT
La Caisse des dépôts, avec La Banque postale, BNP ou encore AccorHotels, restaure 300 hectares de biodiversité en France
Un an après son lancement, le programme d’adaptation climatique Nature 2050 de CDC Biodiversité couvre désormais 300 hectares avec 16 projets de restauration écologique. À Sevran, en région parisienne, dans les Alpes ou encore au large de la Méditerranée, des partenariats multi-acteurs ont vu le jour pour prendre à bras le corps cette question, bien souvent délaissée.

L’engagement de CDC Biodiversité est simple : pour chaque versement volontaire de 5 euros, elle restaure 1 mètre carré de territoire jusqu’en 2050. Lancé il y a un an, le programme Nature 2050 a pour objectif d’aider les territoires à s’adapter aux changements climatiques en restaurant leur biodiversité. Actuellement, 16 projets ont été validés couvrant 300 hectares.
Le programme est entièrement financé par des entreprises au titre de leur politique RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) ou pour atténuer l’impact de leur activité. Elles sont 25 actuellement mais devraient passer à 50 dans les trois prochains mois. Parmi elles, on trouve 3F, Ipsec, La Banque Postale Asset Management, BNP Paribas Real Estate, ou encore AccorHotels. "L’objectif est d’étendre le dispositif à d’autres territoires, explique Laurent Piermont le président de CDC Biodiversité. Il nous faut des centaines de projets et des centaines d’entreprises pour alimenter tout ça !"
1,50 euro par tonne de CO2
À Sevran, en Seine-Saint-Denis, les travaux viennent de commencer pour transformer l’ancienne friche industrielle de Kodak en espace naturel à haute valeur écologique. Celle-ci doit notamment accueillir une salle de trampoline pour les JO de 2024. "Nous souhaitons offrir aux habitants un espace pérenne, support de biodiversité mais aussi de récréation avec par exemple un projet d’agriculture urbaine" explique Sophie Elie, chef de projet CDC Biodiversité.
À Saint-Etienne, l’équipe de CDC Biodiversité planche avec les parties prenantes sur le renforcement de la biodiversité du Bois d’Avaize et sa reconnexion au massif du Pilat. "Nous cherchions des actions sur notre environnement local", commente Olivier Le Grontec, directeur général de la Société des transports de l’agglomération stéphanoise. "Nous contribuons à hauteur d’1,50 euro par tonne de CO2 émise, ce qui reste tout à fait raisonnable."
La montagne de demain
Dans les Hautes-Alpes, c’est un projet d’adaptation d’une forêt de montagne aux changements climatiques qui est financé. "Depuis les années 70, ce site a suscité beaucoup d’intérêt, entre d’un côté ceux qui voulaient développer le domaine skiable et de l’autre ceux qui voulaient protéger le milieu. Finalement, il a été classé réserve naturelle régionale. Il est de notre responsabilité de préparer l’avenir de la montagne dans un territoire préservé", concède Didier Manchon, de la Compagnie des Alpes, qui travaille désormais main dans la main avec la LPO régionale.
Au large de Marseille, le projet de restauration des petits fonds côtiers doit permettre, quant à lui, d’accroître la résilience des écosystèmes marins face à l’artificialisation des sols. Grâce au repeuplement d’espèces de poissons, l’immersion de nurseries artificielles et la transplantation d’algues ou d’herbiers à fort intérêt écologique, 44 espèces ont été réintroduites en quatre ans.
0,4 % du PIB mondial
"Pour atteindre la totalité des objectifs en matière d’adaptation au changement climatique, il faudrait entre 150 et 440 milliards de dollars par an", souligne Laurent Piermont. "Or, nous pouvons adapter le territoire au changement climatique pour 5 euros du mètre carré. Si on multiplie 5 par 50 millions d’hectares, on obtient 250 milliards d’euros. Soit 0,4 % du PIB mondial. C’est gigantesque, mais en même temps pour préserver le monde dans lequel nous vivons, ça ne me paraît pas si cher."
"Nous attendons une prise de conscience gouvernementale sur la biodiversité pour que celle-ci soit traitée au même titre que l’énergie", a pour sa part plaidé Cécile Ostria, directrice générale de la FNH. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, fin novembre, Nicolas Hulot a annoncé vouloir porter la candidature de la France pour accueillir le congrès mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) à Marseille en 2020.
"Il faut qu’on arrive à mettre en mouvement la société française mais aussi sa diplomatie pour que la France, qui a montré l’exemple sur le climat, fasse la même chose sur la biodiversité. On ne peut pas se résigner à se dire qu’on serait les derniers témoins d’un monde relique. Je ne peux pas me résigner à cela" a lancé le ministre de la Transition écologique et solidaire.
Concepcion Alvarez @conce1