Publié le 09 février 2022
ENVIRONNEMENT
Milliers de poissons morts au large de la Rochelle : Sea Sheperd dépose plainte contre le deuxième plus grand chalutier du monde
L'ONG Sea Shepherd estime que le Margiris, deuxième plus grand chalutier du monde, a rejeté illégalement des dizaines de milliers de poissons morts dans la mer, au large de La Rochelle. La plainte a été déposée par l’ONG le 8 février, alors que s'ouvre ce 9 février le premier sommet mondial de l’océan à Brest. Mais le sujet de la surpêche n'est pas prévu à l'ordre du jour.

Sea Shepherd
Les images de cet immense banc de merlans bleus morts dans le golfe de Gascogne, partagées le 3 février sur les réseaux sociaux par Sea Shepherd sont vite devenues virales. "Plus de 100 000 poissons ont été rejetés à la mer à 300 km de La Rochelle", a déclaré l’ONG qui a décidé de ne pas en rester là. Elle a déposé une plainte le 8 février contre le chalutier Margiris, pour non-respect de l’obligation de débarquement d’espèces capturées.
Voilà ce qui se passe en ce moment dans le golfe de Gascogne au large de La Rochelle. Quatre navires-usines opèrent dans la zone, dont le Margiris, le deuxième plus grand chalutier du monde (banni en Australie). pic.twitter.com/nA64Fm7VlC
— Sea Shepherd France (@SeaShepherdFran) February 3, 2022
De son côté, le navire de pêche géant, long de près de 143 mètres, a déclaré un incident de pêche ayant conduit au rejet des poissons morts. C’est aussi ce que soutient l’association européenne des chalutiers congélateurs pélagiques (PFA), le chalut se serait "brisé accidentellement", un "fait rarissime", a-t-elle déclaré dans un communiqué. L’ONG réfute cette version : "Quand certains navires capturent une très grande quantité de poissons à très faible valeur marchande, comme le merlan bleu, ils les rejettent pour faire de la place à plus forte valeur ajoutée, ce qui est strictement illégal ", indique Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France.
Réguler la haute mer, objectif du sommet mondial de l’océan
Annick Girardin, ministre de la Mer, a annoncé le 4 février avoir demandé l’ouverture d’une enquête administrative. Elle a précisé que l’accident avait été déclaré dans le journal de bord du navire et que ces poissons seraient retirés de ses quotas. Le commissaire européen Océans et pêche Virginijus Sinkevičius a également annoncé via Twitter l’ouverture d’une enquête.
Un peu plus au nord, à Brest, s’ouvre ce 9 février le premier sommet mondial dédié à l’océan. Il va réunir chefs d’Etats, scientifiques, acteurs économiques et ONG jusqu’au 11 février pour discuter de la protection des océans. Les menaces qui pèsent sur la mer sont nombreuses, du réchauffement climatique à la pollution plastique, mais aussi la surpêche. Aujourd'hui, plus d'un tiers des réserves de poissons dans le monde sont surexploitées selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), contre 10 % en 1974.
Le sujet n’est pourtant pas prévu au programme du sommet, alors que l'objectif de cette rencontre internationale est d'arriver à réguler enfin la haute mer, cet espace maritime qui couvre 60 % du globe mais dont l’exploitation n’est soumise à aucun cadre juridique.
Marion Chastain @MarionChastain avec AFP