Publié le 16 janvier 2018
ENVIRONNEMENT
Le Parlement européen vote l’interdiction de la pêche électrique, malgré la pression de lobbies d’Europe du Nord
Alors que beaucoup s’attendaient à un élargissement de l’autorisation de la pêche électrique en Europe, le Parlement s’y est massivement opposé lors d’un vote le mardi 16 janvier. Cette pratique, qui consiste à envoyer des impulsions dans les sédiments pour y étourdir les poissons, est une menace contre la biodiversité selon les scientifiques.

Bloom
C’est la victoire majeure contre des lobbies de pécheurs d’Europe du Nord, notamment néerlandais. Mardi 16 janvier, le Parlement européen a décidé d’interdire la pêche électrique qui bénéficiait, depuis 2007, de dérogations parfois surexploitées par certains pays européens. Alors que la réglementation européenne permettait jusqu’à 5 % de navires équipés de méthode de pêches "alternatives", la flotte des Pays-Bas comptait par exemple 28 % de chaluts électriques.
La pêche électrique consiste à utiliser un chalut électrique pour envoyer des impulsions dans les sédiments et tuer les poissons vivant au fond des mers. 402 députés ont voté pour interdiction totale et 232 s'y sont opposés. Une victoire large alors que ces dernières semaines laissaient plutôt envisager une autorisation élargie de cette pratique au-delà de la mer du Nord où sont menées les expérimentations actuelles.
Une multitude d’ONG, de scientifiques, de pécheurs, de distributeurs avaient fait front commun depuis des mois pour s’opposer à cet élargissement. On a même vu une coalition de 200 chefs cuisiniers opposés à une pratique qui dénature le goût du poisson.
Des négociations à venir
"C’est une très belle victoire contre une pêche terriblement néfaste, une véritable arme de prédation massive. Grâce à la formidable mobilisation des associations, des pêcheurs artisans, des scientifiques, de la grande distribution, des grands chefs cuisiniers, et des élus écologistes qui ont su convaincre largement au sein du Parlement, la pêche électrique redevient strictement interdite", explique Yannick Jadot, l’eurodéputé vert qui a porté cette lutte.
C’est l’alliance nouée avec les pêcheurs, les associations mais aussi les cuisiniers et de grands distributeurs qui a permis cette victoire sur la #PecheElectrique, c’est ça l’écologie qui gagne ! pic.twitter.com/K2XwErsp4C
— Yannick Jadot (@yjadot) 16 janvier 2018
Le combat n’est toutefois pas terminé puisqu’il faudra "rester très vigilants lors des négociations de trilogue avec le Conseil et la Commission pour maintenir cette interdiction totale. Le gouvernement français ne pourra dès lors pas se contenter de la passivité qui a été la sienne jusqu’à présent", ajoute-t-il. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a immédiatement réagi sur Twitter : "La France souhaite que les pratiques de pêche européennes restent un modèle de référence respectueux des ressources naturelles et environnement. Nous saluons le vote du Parlement européen en faveur de l’interdiction de la pêche électrique".
La France souhaite que les pratiques de pêche européennes restent 1 modèle de référence respectueux des ressources naturelles & environnement. Nous saluons le vote du parlement européen en faveur de l’interdiction de la #pêcheélectrique, pratique dangereuse pour la #biodiversité pic.twitter.com/FicM8D5DtV
— Nicolas Hulot (@N_Hulot) 16 janvier 2018
Ludovic Dupin, @LudovicDupin