Publié le 28 juillet 2022
ENVIRONNEMENT
Le Jour du dépassement : ce 28 juillet marque le jour où nous avons déjà consommé toutes les ressources de la planète
À partir de ce jeudi 28 juillet, il nous faudrait entamer une seconde planète pour couvrir tous les besoins de l'humanité. C'est le fameux Jour du dépassement de la Terre, qui avance chaque année dans le calendrier, signe que nos modes de consommation et de production n'ont pas encore opéré la transformation nécessaire. Alors que les canicules et les incendies sont particulièrement violents cet été, nous continuons à consommer bien plus de ressources que la planète n'est capable d'en produire chaque année. Explications.

FABRICE COFFRINI / AFP
Il y a sept ans, en 2015, le Jour du dépassement de la Terre (Earth overshoot day, en anglais) tombait un 13 août. C’était l’année de la COP21 sur le climat et l’espoir était grand de réussir à inverser la tendance. Sept ans plus tard, force est de reconnaître que si la prise de conscience sur l’urgence climatique est globale, les actions concrètes ne sont pas encore au rendez-vous et le monde "d’avant" continue comme si de rien n’était. C'est donc (presque) sans surprise que le Jour du dépassement tombe cette année un 28 juillet, soit 16 jours plus tôt qu’en 2015. En vingt ans, la date a avancé de deux mois.
Cet indicateur est particulièrement pertinent. Concrètement, il signifie qu’à partir d’aujourd’hui, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut générer en un an (aliments, fibres textiles, bois, etc.) et qu’elle va vivre à crédit jusqu’à la fin de l’année, creusant toujours plus la dette écologique. Pour le dire autrement, c’est comme si nous consommions l’équivalent d’1,75 planète. Or, il n’y a évidemment pas de seconde planète et, à ce rythme-là, les ressources que nous sur-consommons vont finir par ne plus du tout avoir le temps de se régénérer.
Plus de la moitié de la biocapacité de la planète est utilisée pour nourrir l’humanité
"Depuis le début des années 70, le monde épuise de plus en plus tôt les capacités renouvelables de la Terre. Cela aggrave le capital naturel et la capacité des écosystèmes à se régénérer. Nous devrions nous fixer l’objectif de faire reculer le Jour du dépassement de 10 jours par an pour arriver au 31 décembre en 2050", explique Laetitia Mailhes, du Global Footprint Network, qui calcule chaque année la date fatidique. Par exemple, diviser notre consommation de viande par deux permettrait de gagner 17 jours par an.
Nos systèmes agricoles et alimentaires jouent en effet un rôle particulièrement clé puisque plus de la moitié de la biocapacité de la planète (55 %), c'est-à-dire l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année, est aujourd'hui utilisée pour nourrir l’humanité. "Et pourtant, il y a des millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim mais aussi des milliers d'autres qui souffrent d'obésité et de malbouffe. Notre système alimentaire a perdu la tête", lance Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes au WWF France, qui relaie les travaux du Global Footprint Network. Il appelle à modifier nos régimes alimentaires en réduisant la part de protéines animales, à lutter contre la déforestation et à transformer les modes de production pour aller vers plus de pratiques agroécologiques.
"La traduction française de la nouvelle Politique agricole commune dans le PSN (Plan stratégique national) n’est pas à la hauteur des enjeux. Nous allons donc nous mobiliser dans le cadre du Projet de loi de finances 2023, débattu à l’automne prochain, pour que des mesures soient prises afin d’accompagner les agricultures vers des pratiques plus vertueuses. Les conséquences du changement climatiques sont particulièrement visibles cette année et marquent aussi les agriculteurs avec la multiplication des sécheresses, des épisodes de gel et des inondations", constate Pierre Cannet.
Concepcion Alvarez @conce1