Publié le 12 août 2019
ENVIRONNEMENT
Le changement climatique grignote nos côtes et menace plus d’un million de Français
Sous l'effet du changement climatique, une partie du littoral français va reculer, menaçant d'ores et déjà 1,4 million de Français, des dizaines de milliers de bâtiments et des centaines de communes. Une situation qui va s'aggraver. Or la France n'y est pas préparée, alertent les auteurs d'une nouvelle note de la Fabrique écologique.

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1,4 million de Français, 850 000 emplois, 165 000 bâtiments et 864 communes se trouvent menacés par la submersion marine en France. Il faut dire que 25 % des côtes souffrent de l'érosion. Ces données du ministère de l’Environnement sont relayées dans une note de la Fabrique écologique (1) publiée mi-juillet sur l'adaptation du littoral français au changement climatique.
Celui-ci va encore aggraver les risques de submersion et d'érosion, préviennent les auteurs, alors que la densité de population sur le littoral métropolitain est 2,4 fois plus élevée que la moyenne nationale. Et qu'en 2040, les côtes françaises devraient même accueillir 40 % de la population.
Le littoral apparaît de plus en plus vulnérable avec un trait de côte qui va se réduire comme peau de chagrin en raison de deux phénomènes liés au changement climatique : le déficit sédimentaire (dû à la réduction du débit des cours d’eau et à la modification des usages de l’eau) et l’augmentation de l’intensité des tempêtes. De plus, la hausse du niveau de la mer menacera également le littoral d'ici la fin du siècle.
Les cinq départements les plus exposés au risque de submersions marines sont la Gironde, la Loire-Atlantique, la Seine-Maritime, le Nord et le Pas-de-Calais. Ils représentent à eux seuls 50 % de la population vulnérable au risque de submersion marine. En Nouvelle-Aquitaine, par exemple, le trait de côte devrait reculer de 65 mètres en moyenne dans les Landes et la Gironde à l’horizon 2050. À l’échelle européenne, ce sont 55 000 personnes qui pourraient être concernées par les submersions marines chaque année d’ici 2050, contre 10 000 aujourd’hui. Et la France fait partie des pays les plus à risque en Europe avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
La relocalisation, solution radicale
La tempête Xynthia de février 2010, qui avait fait 47 morts, le rappelle. Neuf ans plus tard, la France n’est toujours pas suffisamment préparée à ces risques, estiment les auteurs de La fabrique écologique. Seuls 60 % des territoires identifiés comme prioritaires sont dotés d’un plan de prévention des risques qui interdit les constructions ou les soumet à conditions. Mais même lorsque ces plans ont été mis en place, élus et riverains n’hésitent pas à saisir la justice pour les contourner.
Les chercheurs listent plusieurs pistes d’actions qui pourraient être mises en place. La plus évidente, mais pas toujours efficace et coûteuse, est la construction d’ouvrages de protection tel que les digues. Ceux-ci couvrent actuellement 20 % du linéaire côtier. Une autre option consiste à s’appuyer sur les solutions fondées sur la nature (végétalisation des dunes ou des falaises, herbiers...) mais celles-ci sont encore peu connues et déployées. Enfin, il existe aussi la possibilité, plus radicale, de relocaliser les activités et les habitants. Mais cela reste très difficile à mettre en place notamment en raison du coût que cela engendre. Une mission parlementaire sur le sujet doit rendre ses conclusions à l’automne prochain.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Lire le rapport de la Fabrique écologique