Publié le 22 mai 2022

ENVIRONNEMENT

La réintroduction de vingt grands mammifères pourrait sauver la biodiversité

Lynx, jaguars, hippopotames, loups… Les grands mammifères sont des exemples emblématiques de l’extinction du vivant. Mais ils sont aussi la clé de l’équilibre des écosystèmes. Selon une récente étude, leur réintroduction pourrait accroître la biodiversité sur près d’un quart des terres de la planète.

Jaguar grand mammifere unsplash
Le jaguar est l’une des vingt espèces clés identifiées par les chercheurs.
CCO Unsplash

La biodiversité est en grand danger. Près d’un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître dans les prochaines décennies, selon le rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Les grands mammifères sont particulièrement touchés par cette érosion de la faune sauvage, victimes de la chasse excessive et de la dégradation de leur habitat naturel. Pourtant, ils jouent un rôle essentiel dans le maintien des écosystèmes et pourraient à eux seuls constituer une solution pour restaurer, du moins en partie, le vivant.

C’est la conclusion d’une étude publiée en début d’année dans la revue Ecography par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP-WCMC) et l’ONG américaine Resolve. Les grands mammifères ont en effet un impact disproportionné sur l’équilibre et la composition de leur environnement. Les prédateurs supérieurs influencent par exemple les populations d'autres espèces, des herbivores aux invertébrés, qui eux-mêmes ont un effet sur la végétation. De plus, une biodiversité préservée est source de résilience climatique. Une étude publiée en 2020 dans la revue Science montre que les zones où les populations de grands mammifères sont intactes stockent davantage de carbone.

Vingt espèces prioritaires

La réintroduction de grands mammifères dans des régions ciblées, accompagnée de mesures de protection, pourrait ainsi avoir un effet domino sur des écosystèmes entiers et restaurer la biodiversité sur des millions de kilomètres carrés, explique le rapport. 

Aujourd’hui, seules 15 % des terres mondiales abritent des groupements naturels de grands mammifères. La réintroduction de seulement vingt espèces dans 190 éco-régions permettrait de faire passer ce chiffre à 24%. Les chercheurs ont ainsi répertorié sept prédateurs et treize herbivores, dont par exemple le bison et le lynx en Europe, le loup en Asie, l’hippopotames et le guépard en Afrique, l’ours brun en Amérique du Nord ou encore le jaguar en Amérique du Sud.

Cependant, ces leviers d’action nécessitent des programmes de restauration d’envergure et une réelle volonté de la part des décideurs politiques. "Une prochaine étape prioritaire serait d’afficher la restauration des populations de grands mammifères comme une ambition explicite aux niveaux international et national. Une restauration généralisée et efficace de la nature ne sera pas possible sans l'adhésion des gouvernements, soutenue par les principaux acteurs de la conservation", commente Joe Gosling, responsable principal du programme pour l’UNEP-WCMC. Une priorité absolue alors que de nombreux scientifiques estiment que nous vivons les prémices d’une sixième extinction de masse.

Florine Morestin


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