Publié le 25 avril 2023

ENVIRONNEMENT

L’Oréal investit dans le biochar et la reforestation pour préserver la nature

Encore inconnu du grand public, le biochar, ce charbon végétal qui augmente le phénomène de puits de carbone, est de plus en plus plébiscité par les investisseurs. L’Oréal a ainsi choisi d'investir dans une start-up qui produit du biochar à partir de déchets agricoles et d’accompagner deux projets plus classiques de reforestation avec son fonds dédié à la biodiversité.

Foret amazonienne fonds protection
Avec son fonds à impact, le groupe cosmétique finance un projet de reforestation de la forêt amazonienne au Brésil.
@CCO

Le fonds d’investissement de L’Oréal sur la biodiversité poursuit ses investissements. Trois nouveaux projets visant à restaurer et préserver la biodiversité viennent d'être sélectionnés. Doté de 50 millions d’euros en 2020, le fonds a déjà investi 22 millions d’euros dans cinq opérations. "D’ici 2030, notre objectif est que le fonds ait contribué à la capture de 15 à 20 millions de tonnes de CO2, à la restauration d’un million d’hectares d’écosystèmes dégradés, et à la création de centaines d’emplois", explique Rachel Barré, directrice du leadership environnemental de L’Oréal.

L’Oréal participe ainsi au développement de la start-up française NetZero, qui produit du biochar à partir de déchets agricoles dans deux usines situées au Cameroun et au Brésil. Sorte de charbon végétal, le biochar peut être utilisé dans l’agriculture pour améliorer la qualité des sols et réduire l’apport d’engrais. La start-up a levé 11 millions d’euros en tout, auprès du fonds de L’Oréal, mais aussi de Stellantis et CMA-CGM.

Attention particulière sur l’impact de ces projets sur les communautés locales

Le fonds biodiversité de L'Oréal soutient également deux opérations de reforestation, ReforesTerra au Brésil pour régénérer des parcelles déboisées par les activités d’élevage, et Mangroves.now en Asie du Sud, qui vise à financer des projets locaux de restauration des mangroves. Ils rejoignent les deux précédents investissements réalisés en 2021, celui dans la Real Wild Estates Company, une entreprise qui propose de réensauvager des espaces naturels au Royaume-Uni, et celui dans la start-up Rize, une plateforme qui génère des crédits carbone pour les agriculteurs.

En moyenne, entre 1 et 5 millions d’euros sont investis dans chaque opération, avec l’objectif de rester partenaire sur le long terme. Le fonds est prévu pour une durée de 15 ans, soit jusqu’en 2035. Si les opérations ont l’air très éloignées du modèle d’affaires habituel du fabricant de produits de beauté, il ne s’agit pas pour autant de philanthropie. "Chaque projet fait l’objet d’une analyse sur les critères financiers et extra-financiers, avec une attention particulière sur le rôle et l’impact de ces projets sur les communautés locales", souligne Rachel Barré. Le fonds investit dans le capital des entreprises soutenues, ou bien en prêt pour les projets, avec toujours l’ambition d’un retour financier.

Pas d'objectif de compensation

Le financement de la restauration de la biodiversité s’inscrit dans la stratégie durable du groupe de cosmétique, annoncée en 2020. L’Oréal déclarait vouloir respecter les limites planétaires, en réduisant son empreinte carbone et en sourçant ses matières premières de manière durable. Les financements octroyés par le fonds contribuent ainsi à améliorer l’état de la nature, sans pour autant qu’il ne s’agisse d’une stratégie de compensation.

"Nos investissements sont décorrélés de notre objectif en matière de lutte contre le changement climatique", martèle Rachel Barré. Elle ajoute : "notre stratégie de décarbonation priorise la réduction de notre empreinte carbone sur l’ensemble de notre chaîne de valeur, sans compensation". Le groupe s’est ainsi engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation de ses produits de 25% en valeur absolue d’ici 2030, par rapport à 2016, et à alimenter 100% de ses sites avec des énergies renouvelables.

Arnaud Dumas


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