Publié le 18 mars 2021
ENVIRONNEMENT
Chasse à la glu : la justice européenne se prononce contre son autorisation
La justice européenne a finalement donné raison aux ONG. Elle s'est prononcée ce mercredi 17 mars, en faveur d'une interdiction de la chasse à la glu en France. Si l'arrêt est considéré comme une victoire par les associations, rien n'est encore gagné : la décision revient désormais en France au Conseil d'État, qui s'était auparavant prononcé en faveur de la poursuite de cette méthode de chasse, pourtant très décriée.

Istock / slowmotiongli
La chasse à la glu a du plomb dans l’aile. L’Europe a ouvert mercredi 17 mars la voie à son interdiction en France. Selon la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE), cette méthode décriée causerait "un dommage "irrémédiable" à tous les oiseaux capturés et ne devrait donc pas être autorisée". La Cour a donc finalement donné raison aux associations One Voice et la Ligue de Protection des Oiseaux, qui avait saisi la justice européenne face au gouvernement.
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a quant-à-elle saluée sur Twitter une décision qui "conforte" l'initiative de la France, qui avait suspendu cette méthode de chasse depuis août 2020, dans l'attente du verdict. Jusqu'alors, le quota d'oiseaux chassables grâce à cette méthode s'élevait à plus de 40 000. La France est le dernier pays ayant recours à cette pratique au sein de l'Union européenne.
Cette méthode de chasse dite "traditionnelle" destinée aux grives et aux merles, consiste à piéger des oiseaux sur des tiges enduites de colle, appelés gluaux. Les oiseaux ainsi capturés sont mis en cage et servent, en chantant, à en attirer d'autres pour les chasseurs. Les défenseurs de l'environnement se battent depuis des années pour la faire interdire, dénonçant une méthode cruelle et non-sélective qui conduit à la capture d'autres oiseaux que ceux visés, y compris des espèces protégées.
La France avait décidé de suspendre la chasse à la glu, considérée comme une pratique non sélective. La décision de la Cour de justice de l’Union européenne conforte cette mesure de protection de la biodiversité. https://t.co/yu5G3zq8ET
— Barbara Pompili (@barbarapompili) March 17, 2021
"Un réel espoir"
Les chasseurs assurent que les oiseaux capturés par erreur sont nettoyés et relâchés. Mais "en dépit d'un nettoyage, les oiseaux capturés subissent un dommage irrémédiable, les gluaux étant par nature susceptibles d'endommager le plumage de tous les oiseaux capturés", a estimé mercredi la CJUE. La Cour a également rejeté l'argument culturel qui avait été invoqué par les défenseurs de cette pratique : "le maintien d'activités traditionnelles ne saurait constituer une dérogation autonome au régime de protection" de la directive "oiseaux" de 2009. Cette directive interdit les "méthodes de capture ou de mise à mort massive ou non sélective" d'oiseaux, notamment la chasse à la glu, mais prévoit des dérogations quand "il n'existe pas d'autre méthode satisfaisante".
"C'est un réel espoir pour les oiseaux concernés par d'autres types de chasses, notamment celles dites traditionnelles", s'est réjoui l'ONG One Voice. La Cour "prend en compte la souffrance animale, ce qui est une avancée remarquable", a quant-à-lui déclaré à l'AFP le patron de la LPO Allain Bougrain-Dubourg, partagé entre "le bonheur et l'amertume d'avoir perdu tant de temps pour protéger les oiseaux".
Mais les chasseurs appellent cependant leurs opposants à ne pas crier victoire trop tôt. C'est désormais au tour du Conseil d'État de se prononcer en France. "Nous allons préparer notre dossier et le présenter au Conseil d'État, en les invitant à venir voir la réalité sur le terrain. Le combat continue", a déclaré Éric Camoin, président de l'Association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive. Le Conseil d'État avait dans un premier temps donné raison aux chasseurs dans cette bataille de la glu, avant, fin 2019, de demander à la justice européenne de se prononcer sur la légalité cette méthode.
Pauline Fricot, @PaulineFricot avec AFP