Publié le 27 août 2019
ENVIRONNEMENT
Amazonie : la maison brûle et cette fois nous la regardons !
Malgré les refus du Président Brésilien Jair Bolsonaro d'accepter l’aide internationale pour sauver la forêt amazonienne, la puissante mobilisation mondiale pour sauver cette cathédrale verte est en train de faire son œuvre. Mais il aura fallu du temps pour voir la planète réagir. Espérons que l’émotion planétaire sera durable pour sauver nos écosystèmes.

@VictorMoriyama
L’été 2019 sera celui où le monde aura regardé quasi-impuissant brûler l’Amazonie ! Cela fait écho à la célèbre phrase prononcée par Jacques Chirac au Sommet de la terre de Johannesburg de 2002 : "La maison brûle et nous regardons ailleurs !". Près de vingt ans plus tard, la question est plutôt de savoir si ce regard planétaire sert à quelque chose pour enrayer la destruction du poumon de la planète.
Jair Bolsonaro, le président du Brésil où se trouve 60 % de la forêt amazonienne, préfère encourager son exploitation par le feu comme Néron en son temps. Il vient de refuser l’aide financière que lui proposait le G7. Sa stratégie : bâillonner le lanceur d’alerte. Il a limogé début août le directeur de l’Institut National de Recherche Spatiale (INPE) du pays parce qu’il avait publié des statistiques et des images montrant que la déforestation avait augmenté de 88 %.
La réaction de Jair Bolsonaro témoigne du risque que lui fait courir la montée de la pression de l’opinion publique mondiale. Celle-ci prend progressivement conscience que les intérêts environnementaux sont transnationaux et que le national-populisme est un de leurs pires ennemis.
Montrer les images de la forêt qui brûle, aide à créer un rapport de force qui mobilise les organisations internationales et les grandes fortunes de la planète. LVMH vient, par exemple, de s’engager à verser 10 millions d’euros pour protéger la cathédrale verte qu’est l’Amazonie.
La puissance des images
Pourtant, la mobilisation a été lente à se déclencher. Les réseaux sociaux ont commencé à bouger et inciter les adolescents à secouer leurs parents mi-août sur le thème : "L'Amazonie brûle et les médias n’en parlent pas. C’est la fin du monde et tout le monde s’en fout !". Ils n’avaient pas forcément tort, mais le silence des médias traditionnels reposait surtout sur l’absence d’images satellitaires capables d’attester de l’ampleur des dégâts. Quand elles sont arrivées, la tornade médiatique s’est levée.
Et maintenant ? Nous avons compris le rôle crucial des écosystèmes et l’accélération de leur destruction qui constitue une menace pour l’espèce humaine. Il faut espérer que cela serve de socle à des changements radicaux de modèle économique sur la planète. C’est d’autant plus urgent que les feux de l’Amérique du Sud sont finalement moins intenses que ceux qui ravagent en même temps un autre poumon, la forêt primaire africaine en Angola, Zambie et République Démocratique du Congo
Prochain rendez-vous des dirigeants de la planète à New-York le 23 septembre pour le Sommet sur le climat organisé par les Nations Unies. Il faut espérer que le temps de l’action de grande ampleur va enfin succéder à celui des grands engagements plus ou moins suivis d’effets, amorcé en 2015 avec l’Accord de Paris !
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic