Publié le 08 juin 2017
ENVIRONNEMENT
48 grandes entreprises s'engagent contre la pêche illégale de thon
Pour mettre fin à la pêche illégale de thon, 48 des plus grandes entreprises du secteur s'engagent à plus de traçabilité pour préserver cette ressource déjà bien entamée. C'est aussi un moyen de lutter contre le travail forcé, fléau de la pêche.

Lundi 6 juin, au Forum économique de Davos (WEF) à l'occasion de l'ouverture de la première conférence de l'ONU sur les océans, 48 des plus grandes entreprises de la pêche ont signé le pacte de traçabilité Thon 2020 dans lequel "ils s’engagent à empêcher le thon pêché illégalement d’être mis sur le marché". Une initiative soutenue par 18 ONG environnementales et par le président de l’Assemblée générale des Nations unies.
"Cette déclaration est une étape audacieuse vers la fin de la pêche illégale et l’autonomisation des pays pour rendre la pêche plus durable", assure Ami Mathiesen du département des pêches et de l’aquaculture de la FAO (organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture).
Une chaîne d'approvisionnement traçable
Concrètement, cette cinquantaine d'entreprises, parmi lesquelles on retrouve Sodexo ou Marks & Spencer, s’engagent à ce que leur chaîne d’approvisionnement en thon soit entièrement traçable. Pour assurer le suivi, "Ocean Data Alliance", un rassemblement d'entreprises leaders du numérique, de gouvernements et de centres de recherches, aura pour mission de développer des solutions pour mettre en accès libre les données permettant de gérer les ressources des océans.
Ce dispositif viendra s’ajouter "aux innovations de la quatrième révolution industrielle, telle que la télédétection avancée, la dernière génération de satellites et de nouvelles technologies informatiques", explique Dominic Waughray, responsable des partenariats public-privé au Forum économique mondial.
La pêche illégale source de travail forcé
Chaque année, 26 millions de tonnes de poissons sont issues de la pêche illégale. Le thon est l’un des poissons les plus surexploités et les conséquences sont désastreuses pour les pêcheurs. Le WEF estime le manque à gagner à 24 milliards de dollars. L'autre problème majeur engendré par la pêche illégale est le travail forcé. Un des signataires du pacte, le thaïlandais Thai Union, numéro 3 mondial du poisson en boite et maison mère de Petit Navire, avait d’ailleurs déjà fait l’objet de telles accusations. Selon les chiffres officiels du gouvernement thaïlandais, plus de 300 000 esclaves travaillent dans l’industrie de la pêche.
"Il est difficile de garantir que la chaîne d’approvisionnement de l’industrie thaïlandaise des fruits de mer soit à 100% propre", se défendait Kuhn Thiraphong Chansiri, PDG de Thai Union, en 2015. A l'occasion de la signature du pacte de traçabilité Thon 2020, le groupe s’engage cette fois à "éliminer toute forme d’esclavage et à garantir que les fournisseurs respectent au moins les normes sociales minimales dans les pratiques de gestion".
Marina Fabre, @fabre_marina