Publié le 26 janvier 2018
ENVIRONNEMENT
Vœux à l'agriculture : Macron rappelle à l'ordre les distributeurs et nuance ses engagements sur le glyphosate
Emmanuel Macron, lors de ses vœux au monde agricole jeudi 25 janvier, a reconnu que plusieurs distributeurs ne respectaient pas leurs engagements pris lors des États généraux de l'alimentation. Il a menacé de divulguer leur nom. Parallèlement, le Président, qui s'était engagé à sortir sous trois ans du glyphosate, a annoncé que pour les "10 %" d'agriculteurs qui ne trouvaient pas d'alternative crédible au désherbant, des dérogations étaient possibles.
©Elysée
Cela faisait des années qu’un Président de la République n’avait pas adressé ses vœux au monde agricole. "La première fois dans l’histoire récente", souligne même l’Élysée. Emmanuel Macron, jeudi 25 janvier, a voulu renouer les liens avec un secteur en crise. Souvent accusé de mépriser les paysans, le Président, après son discours au Forum économique mondial de Davos, a filé directement en Auvergne pour un déplacement de deux jours.
Symboliquement, il a choisi de rendre visite à une exploitation laitière, filière particulièrement souffrante, surtout depuis l’affaire du lait infantile Lactalis contaminé aux salmonelles. Le Président a été clair : "Il n’y aura aucune tolérance de l’État" sur ce sujet.
Macron va dénoncer les distributeurs qui ne respectent pas leurs engagements
Sur les négociations commerciales en cours, le chef de l’État était très attendu par les agriculteurs. Plusieurs syndicats agricoles, dont le principal, la FNSEA, alertent depuis plusieurs semaines des tensions qui y règnent, accusant les distributeurs de ne pas respecter leurs engagements. Ces deniers ont en effet signé une charte dans laquelle ils promettent que, désormais, le prix de vente sera construit à partir du coût de production et non l’inverse.
Cette charte "n’est pas respectée", a reconnu Emmanuel Macron. "J’appelle les distributeurs à la responsabilité". Le Président, comme il l’avait déjà évoqué à de multiples reprises, n’hésitera pas à dégainer l’arme du name and shame. "S’il n’y a pas de changement dans les dernières semaines de négociations, nous dirons aux consommateurs citoyens français qui fait quoi", a-t-il prévenu.
Il doit par ailleurs présenter le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation mercredi 31 janvier en conseil des Ministres. Rappelons qu’au-delà du renversement de la construction du prix, ce projet prévoit d’encadrer les promotions commerciales et d’augmenter le seuil de relèvement à perte.
Des alternatives crédibles au glyphosate
Enfin, sur le volet environnemental, Emmanuel Macron a estimé que "le secteur agricole a un impact sur l’environnement et les agriculteurs sont les premières victimes des dérèglements climatiques (…). Je souhaite que l’on mette ce combat pour la planète au cœur de notre modèle productif".
À ce sujet, le Président a souhaité "accompagner la transformation" des agriculteurs vers la fin du glyphosate. La France s’est en effet engagée à sortir du glyphosate, ce désherbant que l’on retrouve dans le Roundup, le produit phare de Monsanto, sous 3 ans. Mais Emmanuel Macron a quelque peu nuancé cet engagement.
"Les solutions existent pour 90 % des surfaces", a-t-il souligné, mais "on ne peut pas laisser un agriculteur sans solution. (…) Pour les impasses restantes, notamment pour l’agriculture de conservation des sols ou les cultures en pente, nous mobiliserons la recherche pour trouver des alternatives avec un principe simple : je n’imposerai jamais une sortie s’il n’y a pas d’alternative crédible".
Marina Fabre @fabre_marina