Publié le 23 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
Colère des apiculteurs après l'autorisation d'un nouveau néonicotinoïde "tueur d'abeilles" en France
Alors que la production de miel poursuit sa chute, l'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, vient d'autoriser la commercialisation de deux pesticides à base de Sulfoxaflor. Il s'agit, selon les apiculteurs, d'un néonicotinoïde "tueur d'abeilles". Nicolas Hulot et Stéphane Travert ont demandé à l'ANSES des recherches complémentaires.

C’est un coup de massue pour les apiculteurs français. L’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, vient d’autoriser deux pesticides à base de sulfoxaflor, le Closer et le Transform. Or, selon l’UNAF, l’union des apiculteurs, cette substance produite par l'industriel Dow Agro Science est "bel est bien un néonicotinoïde. Le sulfoxaflor, une fois absorbée par la plante, circule dans son système vasculaire jusque dans le pollen et le nectar". Il tue ainsi des milliers d’abeilles.
Interdiction de tous les néonicotinoïdes dès 2018 en France
Les apiculteurs s’appuient sur un avis de l’EFSA, Autorité de sécurité des aliments, qui évoquait une substance "hautement toxique pour les abeilles" dans un rapport en 2014. Pourtant, un an plus tard, cette même autorité a finalement rendu un avis favorable à l’homologation du produit.
Dow Agro Science affirme que sa substance n’est pas un néonicotinoïde mais un insecticide classé sulfoximine. Et la différence est importante... du moins sur le plan réglementaire. Car, dès 2018, tous les néonicotinoïdes seront interdits d’utilisation en France, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020.
La mise sur le marché maintenue
Face à la colère des apiculteurs, qui connaissent une année très difficile - les récoltes de miel ne dépasseront pas 10 000 tonnes, trois fois moins qu’il y a 30 ans - le gouvernement a réagi. Dans un communiqué diffusé vendredi 20 octobre, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, ont demandé à l’ANSES "d’analyser de façon prioritaires les données complémentaires relatives aux risques du Sulfoxaflor, afin qu’elle soit en capacité d’indiquer au gouvernement, dans les trois mois, si elles sont de nature à modifier les deux autorisations de mises sur le marché". Autrement dit, l’autorisation de marché est maintenue, jusqu’à preuve de risques pour les abeilles.
Pour rappel, depuis 1989, 80 % des insectes volants ont disparu. En cause, l’agriculture et l’utilisation des pesticides et engrais de synthèse.
Marina Fabre @fabre_marina