Publié le 01 mars 2018
ENVIRONNEMENT
Fipronil, glyphosate, salmonelles... Après une année de crises, les autorités veulent rassurer les consommateurs
Après une année 2017 ponctuée par des crises, l'Anses, agence nationale de sécurité sanitaire, veut rassurer les consommateurs. "La France a un des meilleurs systèmes sanitaires d'Europe", martèle son directeur général. Reste qu'entre les autorités de contrôle et les consommateurs, la confiance est largement entamée. Surtout au niveau européen où des soupçons de conflits d'intérêt pèsent sur les institutions.

Sensibiliser les consommateurs. Voilà l'objectif de l'Anses, Agence française de sécurité sanitaire, au Salon de l'agriculture. Et surtout, "éviter les raccourcis", ajoute son directeur général, Roger Genet. Car ces derniers mois, entre la crise du Fipronil, celle de Lactalis et le glyphosate, difficile de rassurer la population.
Et les alertes se multiplient. La dernière en date, une étude de l'association Générations futures révélant des traces de pesticides dans trois quarts des fruits et 41% des légumes. "Il n'y a pourtant aucun risque pour la santé et la France a un des meilleurs systèmes sanitaires d'Europe", estime le directeur.
Crise de confiance envers les agences de contrôle
Reste à convaincre les consommateurs. Et la tâche s'avère difficile. Entre les agences de contrôle et les citoyens, la confiance est considérablement écornée. Surtout au niveau européen depuis le renouvellement pour 5 ans du glyphosate, agent principal du Roundup, herbicide phare de Monsanto qui a défrayé la chronique.
La commission européenne a fondé son avis sur un rapport de l’Efsa, autorité européenne de la sécurité des aliments qui avait estimé que le glyphosate ne représentait aucun danger. Or, l’ONG autrichienne Global 2000 a prouvé que des passages entiers du rapport de l’Efsa étaient, mot pour mot, des copiés-collés du rapport que Monsanto avait déposé pour sa demande de renouvellement. Une découverte qui a brisé le lien de confiance entre les consommateurs et les autorités.
Plus d'argent pour la recherche
"Nous n'avons jamais été mis en porte à faux sur une quelconque dépendance avec les industriels", rappelle le directeur de l'Anses, qui a tout de même conscience que l'origine des données d'expertise peut poser problème.
"Pour une demande de mise sur le marché, nous contre-expertisons des rapports fournis par les industriels. Jamais l’expertise publique ne pourra se substituer à ces rapports, qui demandent beaucoup de temps et d’argent. Cela permet de responsabiliser les acteurs sur les produits qu’ils veulent utiliser. Ce qu’il faut par contre, c’est renforcer et multiplier les contre expertises", estime le directeur de l’Anses.
Sur le glyphosate, il faut "des études complémentaires"
Mais l’anses se heurte à un problème de taille : l’argent. Elle demande depuis plusieurs années la création d’un fonds dédié à la recherche. Un fonds qui dépasse le cadre national. "Dans les secteurs où il y a une grande incertitude, comme pour le glyphosate, il faut des études complémentaires" explique l’anses.
L’agence va d’ailleurs commencer à expertiser une nouvelle fois la molécule en vue de sa demande de renouvellement pour 5 ans en Europe. Mais "sans nouvelles données, on ne lèvera pas le doute, et notre avis ne changera pas", prévient Roger Genet.
Marina Fabre @fabre_marina