Publié le 04 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
Face à la fronde des États, la Commission européenne est contrainte de revoir sa copie sur le glyphosate
Les États membres devaient voter ce mercredi 4 octobre pour ou contre un renouvellement pour 10 ans de la licence du glyphosate dans l'Union européenne. Mais la Commission a une nouvelle fois reporté le vote, estimant qu'elle ne pouvait pas obtenir de majorité. Elle pourrait bien revoir sa copie et proposer le 23 octobre, comme le souhaite la France, une réduction du délai de la nouvelle licence, passant de 10 à 7 ans.

C'est désormais une habitude pour la Commission européenne. Bruxelles, qui devait soumettre au vote le renouvellement pour 10 ans de la licence du glyphosate le 4 et 5 octobre, vient une nouvelle fois de le reporter. Les deux jours sont désormais dédiés à des "discussions", peut-on lire dans l'agenda de la Commission.
Il faut dire que cette dernière craignait, à juste titre, que les États membres rejettent sa proposition. La France, la Belgique, Malte, l'Autriche ou encore l'Italie avaient clairement annoncé qu'elles voteraient contre une nouvelle autorisation de 10 ans du glyphosate, le principal agent actif de plus de 150 produits vendus en France dont le désherbant phare de Monsanto, le Roundup.
Plusieurs pays se sont déjà abstenus lors des précédents votes, comme l'Allemagne qui cette fois n'a pas pris clairement position tant elle est occupée à gérer sa période post-électorale. Au final, très peu de pays auraient pu voter pour la proposition de la Commission. Or cette dernière a besoin d'une majorité qualifiée pour agir.
La Commission va revoir sa copie
Un nouveau vote pourrait être soumis aux États membres le 23 octobre. Et la Commission compte bien revoir sa copie pour éviter de nouveaux déboires. Selon l'ONG Générations futures, elle pourrait intégrer des "clauses environnementales" pour séduire les abstentionnistes. "Nous n'avons pas plus de précision. Mais dans le cas du glyphosate, ce n'est pas tant la question environnementale que le danger sanitaire qui pose problème", explique à Novethic François Veillerette, porte-parole de l'ONG.
Une autre piste serait de diminuer le délai de la nouvelle licence. Une telle option est demandée par la France. Le Premier ministre, Édouard Philippe, a plusieurs fois annoncé vouloir négocier avec la Commission européenne en ce sens. Il souhaite que l'Hexagone réalise une sortie progressive du glyphosate en 5 à 7 ans.
La licence du glyphosate arrive à échéance fin 2017
"Ce n'est pas satisfaisant ! Le glyphosate est dangereux, il y a urgence à l'interdire !", alerte François Veillerette. Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé la substance comme "cancérogène probable pour l'homme" en 2015. Mais la Commission se base sur une étude plus récente de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) estimant que le glyphosate ne pouvait être classé comme substance cancérogène.
Or cette étude est très décriée. D'une part par les associations environnementales qui ont pointé les conflits d'intérêt de plusieurs membres du comité d'évaluation des risques, travaillant à la fois pour l'ECHA et les industriels du secteur. Mais aussi par de nombreux experts. Le toxicologue allemand Dr Peter Clausing, a ainsi révélé que les agences d'évaluation de l'Union européenne n'avaient pas pris en compte 7 des 12 études sur la souris et le rat. Celles-ci mettaient en évidence des augmentations de tumeurs au contact du glyphosate.
Bruxelles a jusqu'au mois de décembre pour trouver une solution, l'autorisation de la licence du glyphosate arrivant à échéance fin 2017.
Marina Fabre @fabre_marina