Publié le 23 juillet 2014
ENVIRONNEMENT
États-Unis : le Vermont fait un appel aux dons pour défendre sa loi sur l’étiquetage des OGM
Le Vermont fait de la résistance. C'est le premier État américain à rendre obligatoire l’étiquetage des aliments génétiquement modifiés. Mais cette loi pourrait être tuée dans l’œuf si la plainte contre le texte déposée par plusieurs groupes agroalimentaires aboutissait. La bataille juridique qui s’engage coûtera des millions de dollars. Le gouverneur de l’État s’y prépare en faisant un appel aux dons.

© Vermont Right to Know GMOs
L’État du Vermont est bien décidé à défendre sa loi. Elle impose que les aliments génétiquement modifiés (GM) soient étiquetés comme tels. Les industriels du secteur y sont farouchement opposés. Le jour même de la ratification de la loi, le 8 mai 2014, le gouverneur de l’État, Peter Schumlin, lançait un appel aux dons, via un site Internet, destinés "à financer les recours prévisibles" contre le texte devant la Cour de justice. Le "Food Fight Fund", le Fonds de lutte pour l’alimentation, était en marche.
La suite lui a donné raison. Début juin 2014, plusieurs groupes agro-industriels, dont la Grocery Manufacturers Association qui regroupe les plus grandes marques alimentaires américaines, ont porté plainte pour bloquer la loi. La bataille juridique qui s’engage pourrait coûter 8 millions de dollars.
Le Vermont savait qu’il allait s’attirer les foudres des industries agroalimentaires et des biotechnologies. Devenir le premier État à imposer cette visibilité à l’intention du consommateur crée un précédent. Les géants ont déjà montré leur force de frappe en bloquant toutes les initiatives similaires (lire notre article). Et elles redoutent que la décision du Vermont provoque un effet domino dans plus d’une vingtaine d’autres États.
Le droit de savoir
Les "anti-étiquetage" dénoncent une distinction faite entre OGM et non-OGM illégitime. Depuis vingt ans, les OGM sont commercialisés sans restriction aux États-Unis, où ils sont considérés comme "équivalant en substance" aux autres produits. L’obligation d’informer les consommateurs ne s’appuie sur aucune justification sanitaire, selon les industriels, et serait donc inconstitutionnelle. Autre argument avancé: le coût pour les ménages américains. Selon BIO, l’organisation des industries de biotechnologies à laquelle appartient le géant Monsanto, la mise en œuvre de cette loi coûterait 400 dollars par foyer et par an.
Les lobbies industriels manœuvrent également au niveau fédéral. Grâce à l’appui d’une vingtaine de sénateurs républicains, ils ont obtenu une proposition de loi interdisant aux États d’imposer un étiquetage des OGM.
La résistance s’organise
Mais les entreprises de l’agroalimentaire savent qu’elles jouent un jeu dangereux. De plus en plus d’Américains réclament le droit de savoir ce qu’ils mangent. L’État du Vermont a ainsi reçu le soutien de plusieurs associations de défense de consommateurs. "Ces multinationales étiquettent déjà leurs aliments OGM destinés à l’exportation; mais plutôt que de respecter la volonté de l’État du Vermont, elles mènent des actions en justice contre les consommateurs", dénonce Andrew Kimbrell, directeur du Center for Food Safety.
Plusieurs compagnies ont déjà exclu les OGM de leurs produits. Originaire du Vermont, le producteur de glaces Ben & Jerry’s a emboîté le pas au mouvement: une de ses crèmes glacées a été rebaptisée, en l’honneur de la nouvelle loi, "Food Fight! Fudge Brownie".