Publié le 26 juillet 2019
ENVIRONNEMENT
Les serres chauffées autorisées dans l'agriculture bio... mais sous conditions
C'est une petite victoire pour les acteurs historiques du bio. Le Comité national de l'agriculture bio vient de décider que les serres chauffées seraient autorisées en bio mais que la commercialisation de la production devrait suivre le cycle des saisons. Tous les fruits et légumes d'été sous serres ne pourront être vendus du 21 décembre au 30 avril. En revanche, cela n’empêchera les importations.

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C’est une "première avancée significative" se réjouit la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab). Depuis plusieurs mois le Comité national de l’agriculture bio doit trancher sur un sujet qui divise le monde agricole : l’utilisation des serres chauffées en agriculture bio. Le Comité National de l’Agriculture Biologique (CNAB) a tranché et deux dispositions majeures ont été adoptées.
D’abord, le chauffage des serres est autorisé mais avec une condition de taille. "Le chauffage des serres est possible uniquement dans le respect des cycles naturels. Dans ce cadre, la commercialisation des légumes aubergines, concombres, courgettes, poivrons et tomates avec la qualité biologique est interdite entre le 21 décembre et le 30 avril", écrit le CNAB dans ses conclusions présentées le 11 juillet dernier.
En 2025, les serres seront chauffées aux énergies renouvelables
La Fnab voulait une interdiction totale des serres en bio, ce qu'elle n'a pas obtenu. Mais "Pas de légumes d’été bio en magasins avant le 30 avril, ça veut dire zéro chauffage pour le concombre bio, deuxième légume le plus cultivé sous serres chauffées en France. Un vraiment changement pour ce légume d’été", réagit la Fédération dans un tweet. Les acteurs historiques du bio étaient vent debout contre l’utilisation des serres chauffées. Il faut dire qu’elles sont particulièrement énergivores.
Aujourd’hui, 80 % des serres dans l’Hexagone sont alimentées aux énergies fossiles, en particulier gaz et fioul. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) une tomate sous serre produite dans l’Hexagone émet sept fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate de saison et quatre fois plus qu’une tomate importée d’Espagne. D’où l’importance de la deuxième décision prise par le Cnab : dès 2025, toutes les serres chauffées devront être alimentées aux énergies renouvelables.
La France pénalisée ?
Une décision "absurde" pour le principal syndicat agricole français, la FNSEA. "Cela empêchera-t-il les consommateurs de consommer ces légumes en avril ? Non, cela signifie que ces produits biologiques ne pourront pas être français. Ils seront demain belges, hollandais ou allemands et auront bénéficié du chauffage bien entendu".
Justement le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume entend que cette décision soit étendue au niveau européen et argue qu’"Il n’y a pas de surtransposition de règles européennes : le chauffage des serres est autorisé en Europe, il reste autorisé en France".
Marina Fabre, @fabre_marina