Publié le 21 février 2018
ENVIRONNEMENT
[Ces startups qui changent le monde] Naïo Technologies conçoit les robots qui assistent les agriculteurs
Elles sont jeunes et elles veulent changer le monde. Chaque jour, de nouvelles startups voient le jour en espérant améliorer notre façon de produire ou de consommer, en améliorant la traçabilité des matières premières utilisées, en misant sur l’éco-conception ou l’innovation sociale. Chaque semaine, Novethic a décidé d’aller à la rencontre de l’une d’entre elles. Aujourd'hui, à l’occasion du salon de l’agriculture qui s'ouvre samedi 24 février, nous vous présentons Naïo Technologies, une jeune pousse toulousaine de l’AgTech. Elle entend mettre la robotique au service de l’environnement et des agriculteurs.

Naïo technologies / Tien
SOMMAIRE
- Dossier : ces startups qui changent le monde
- [Ces startups qui changent le monde] Ooho, une bulle d'eau végétale pour remplacer les bouteilles en plastique
- [Ces startups qui changent le monde] Avec Lita.co, soyons tous investisseurs responsables
- [Ces startups qui changent le monde] Naïo Technologies conçoit les robots qui assistent les agriculteurs
- [Ces start-ups qui changent le monde] Backacia : le tinder des déchets du BTP
- [Ces startups qui changent le monde] Avec Circul’r, l’économie tourne rond
- [Ces startups qui changent le monde] Leka, le petit robot au service des enfants autistes
- [Ces startups qui changent le monde] 1083 relance le jean made in France
- [Ces start-ups qui changent le monde] Newmanity, l’application de messagerie écolo qui protège vos données
- [Ces startups qui changent le monde] Hacktiv, le Airbnb de la bonne action
- [Ces startups qui changent le monde] Woodoo rend le bois aussi solide que le béton
Glissant entre les sillons des champs, un petit robot sarcle l’herbe entre les légumes des petites cultures maraîchères. Oz est le premier robot désherbant de Naïo Technologies et devrait être suivi d’une longue lignée. Né en 2013, il a déjà deux petits frères : Dino, qui s’occupe des cultures industrielles, et Ted, spécialisé dans les vignes. Des prouesses technologiques, guidées par laser, caméra et GPS, et qui tournent à l’électricité.
Leur mission est de faciliter la vie des agriculteurs et les aider à utiliser moins de pesticides. Et la jeune pousse toulousaine a le vent en poupe. Pour Forbes France, il s’agit même du "fleuron de l’AgTech* à la française" ! (Le terme AgTech renvoie aux startups technologiques liées à l’agriculture).
Un robot qui aide les agriculteurs
Pour ses fondateurs, deux ingénieurs, Aymeric Barthes et Gaëtan Séverac, l’aventure est née d’une passion et d’une conviction : "que les nouvelles technologies permettront de changer de cap. Nos robots agricoles et outils de pointe visent une productivité qui respecte l’environnement et redonne de l’humanité à l’agriculture", expliquent-ils.
Pour ceux qui tiqueraient sur un éventuel hiatus entre robotisation et humanisation, les deux compères apportent une réponse. Selon eux, l’activité de désherbage est pénible et peu rentable pour les agriculteurs. Avec le petit robot, plus de temps pour développer des nouvelles cultures, vendre les produits ou gérer l’entreprise. Mieux, "à long terme, nous pensons que la robotique permettra de mieux nourrir la planète", estime Aymeric Barthes.
Pour fabriquer ces robots, Naïo Technologies mise le plus possible sur le made in France : "nous avons quelques technologies fabriquées en Allemagne et dans le reste de l’Europe mais nous essayons de maximiser le nombre de pièces réalisées en France. Cela nous permet de travailler qu’avec des fournisseurs que l’on a choisis après être allés les voir et nous être assuré qu’ils partagent nos valeurs", explique Aymeric Barthes. Il reconnaît avoir encore des progrès à faire en matière d’éco-conception, "mais c’est un fil rouge qui nous guide".
Cap sur l’international
Autre fil d’Ariane dans l’entreprise, celui d’un management impliquant réellement ses employés. Un challenge plus ardu que prévu pour les fondateurs, d’autant que la jeune pousse a grandi très vite. Son chiffre d’affaires double tous les deux ans (1,5 million d’euros en 2017) et le nombre d’employés a suivi la même dynamique : de douze personnes il y a seulement deux ans, elle en compte plus du double aujourd’hui.
"Nous avions commencé sur l’idée de l’entreprise libérée mais très vite, nous nous sommes aperçus que chacun avait son idée propre du concept et qu’à force de codécisions, le processus décisionnel était bloqué. Nous avons donc décidé d’avancer sur les questions stratégiques avec un mode de management consultatif et continuons à explorer davantage le collaboratif avec des sujets moins critiques, que ce soit au niveau technique ou organisationnel, relate l’entrepreneur. Si nous tenons à un management humain, nous ne voulons pas perdre de vue l’objet social de l’entreprise : améliorer l’agriculture pour la rendre plus saine, plus productive et plus respectueuse de l’environnement".
Naïo est en bonne voie pour réussir son pari. Si les regards des agriculteurs étaient empreints de scepticisme il y a encore quelques années, aujourd’hui le robot est la coqueluche des salons agricoles… et des investisseurs. "Nous sommes extrêmement sollicités, toutes les semaines au moins", assure l’entrepreneur qui vient de boucler sa quatrième levée de fonds, à 2 millions d’euros. Celle-ci devrait notamment lui permettre d’élargir son champ d’action à l’international. Aujourd’hui, la startup fait 80% de son chiffre d’affaires en France mais elle prévoit dès cette année des développements commerciaux dans plusieurs pays d’Europe (Allemagne, Belgique, Royaume-Uni) et prospecte en Amérique et au Japon.
Béatrice Héraud @beatriceheraud