Publié le 01 juillet 2019
ENVIRONNEMENT
Un supermarché appelle au boycott des aliments brésiliens après l'autorisation par Jair Bolsonaro de centaines de pesticides
Jair Bolsonaro a été élu avec le soutien des lobbys agroalimentaire et il ne les déçoit pas. Depuis l'élection du Président, le Brésil a homologué plus de 200 pesticides dont la plupart présentent des risques pour la santé et l'environnement. Face à la situation, une chaîne de supermarché suédoise a décidé de boycotter les aliments brésiliens et a créé le buzz. Un boycott d'autant plus fort qu'il survient au moment de la signature de l'accord entre l'UE et le Mercosur.

@EvaristoSa/AFP
Jair Bolsonaro est fidèle aux lobbys agroalimentaires qui ont participé à son élection à la tête du Brésil. Depuis son arrivée au pouvoir, le pays a homologué plus d'une centaine de pesticides dont la plupart sont interdits en Europe. Selon une enquête de l'agence Unearthed de Greenpeace UK, "un certain nombre de sociétés étrangères ont enregistré au Brésil des produits contenant des ingrédients chimiques qui ne sont pas approuvés dans leur pays d'origine". Elle pointe notamment la responsabilité des entreprises allemandes Helm et BASF et de la chinoise Adama.
"Près de la moitié des produits approuvés depuis l'entrée en fonction de Bolsonaro contiennent des ingrédients actifs figurant sur la liste des pesticides extrêmement dangereux répertoriée par Pesticide Action Network, indiquant qu'ils posent un risque pour la santé humaine ou l'environnement", détaille l'ONG.
La ministre de l'Agriculture défend une "campagne de diffamation"
Face à ce constat, à l'autre bout du monde, Johannes Cullberg, fondateur de Paradiset, une chaîne d'épicerie bio suédoise, a décidé de boycotter les aliments brésiliens. Dans une campagne d'alerte appelée "Nous n'avons pas le temps". Il écrit : "Nous votons tous trois fois par jour avec notre couteau et notre fourchette. En décidant de ne pas acheter et manger de la nourriture en provenance du Brésil, votre voix est entendue jusqu'au bureau de M. Bolsonaro, l'obligeant à reconsidérer sa décision".
Et il ne pensait pas si bien dire. La popularité de son geste, repris en masse sur les réseaux sociaux via le hashtag #boycottbrazilianfood, a fait réagir jusqu'à l'ambassade brésilienne à Stockholm. Dans une lettre adressée à Johannes Cullberg, elle y défend son pays "une grande puissance agricole" qui "n'est pas le principal utilisateur de pesticides". Même la ministre de l'Agriculture, Tereza Cristina a dénoncé dans les journaux locaux une "campagne de diffamation".
L'agriculture brésilienne sous perfusion de pesticides
L'agriculture brésilienne est pourtant très dépendante des pesticides. Le très controversé glyphosate est même l'herbicide le plus utilisé au Brésil. On le déverse par avion au-dessus des champs. Un projet de loi surnommé "paquet de pesticides" par les défenseurs de l'environnement est aujourd'hui bloqué par le Congrès. Il prévoit de simplifier le contrôle des produits et d'accélérer leur autorisation.
"Le moment est venu, plus que jamais, de protéger et de mieux prendre soin de notre planète", a défendu Johannes Cullberg, "Le président est censé être un modèle et un ambassadeur pour tout un pays. Les actions de M. Bolsonaro affectent non seulement le Brésil, mais la planète entière". Le fondateur de Paradiset maintient donc son boycott et appelle chaque consommateur à l'imiter. "Tout comme nous avons arrêté l'apartheid il y a plusieurs années en prenant position contre le gouvernement sud-africain, nous pouvons faire de même maintenant".
Ce mouvement est d'autant plus fort que l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Venezuela) viennent d'annoncer la signature d'un traité de libre-échange en souffrance depuis 20 ans. Si Bruxelles y voit une avancée majeure, de nombreuses voix en France dénoncent une agriculture à deux vitesses entre celle bien plus réglementée sur le vieux continent, qu'elle ne l'est en Amérique du Sud.
Marina Fabre, @fabre_marina