Publié le 28 mai 2017

ENTREPRISES RESPONSABLES
5,3 % des remplacements de grands patrons liés à un scandale entre 2012 et 2016
Entre 2012 et 2016, 5,3 % des changements de dirigeants observés dans le monde étaient dus à des scandales ou à des comportements inappropriés, selon une étude publiée mi-mai par le cabinet PwC. Ce chiffre est en augmentation de 36% comparé à la période 2007-2011. Cette tendance reflète l’exigence de plus en plus forte de l’opinion publique, mais aussi des investisseurs, envers des entreprises qui se doivent désormais d’être irréprochables.

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Le nombre de dirigeants d’entreprise démis suite à des scandales ou à des affaires est en hausse de 36 % depuis 2012. C’est ce que révèle la dernière étude "CEO Success" publiée par Strategy&, l'activité de conseil de PwC.
Cette étude analyse les renouvellements de dirigeants dans les 2 500 plus grandes entreprises cotées en bourse à travers le monde ces dix dernières années. Elle révèle que 5,3 % des licenciements de dirigeants font suite à des manquements à l’éthique (actes frauduleux, actes de corruption, délits d'initié, désastre écologique, etc.) contre 3,9 % entre 2007 et 2011.
Les BRIC principalement concernés
Cette tendance est particulièrement marquée dans les entreprises américaines et canadiennes où le nombre de départs liés à des manquements à l’éthique a plus que doublé en 10 ans. Mais le taux y reste globalement bas (3,3 %) en raison d'une législation contraignante. "Aux États-Unis, la législation obligeant les entreprises à se doter d'un code de conduite et de dispositions anti-corruption a été renforcée ces dernières années", notent les auteurs.
En Europe, la part des dirigeants remerciés pour faute déontologique est passée de 4,2 % à 5,9 %. Mais c’est dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) que les scandales et les affaires ont eu le plus d’impact ces dernières années : 8,8 % des dirigeants d’entreprise ont été écartés suite à des questions éthiques au cours des 5 dernières années, contre seulement 3,6 % entre 2007 et 2011.
"Cinq facteurs ont émergé et ont poussé conseils d'administration, investisseurs, pouvoirs publics, clients et médias à exiger une plus grande responsabilisation des dirigeants face aux manquements à l’éthique. Il s’agit de la méfiance de l’opinion publique suite à la crise financière de 2007-2008, du renforcement de la réglementation, de l’augmentation des risques éthiques sur les marchés émergents où opèrent désormais les entreprises, de l’arrivée massive des moyens de communication numérique et enfin de l’accélération de l’information qui nous parvient aujourd’hui en continu 24h/24", explique Pierre Péladeau, associé Strategy&.
Effet positif sur l’opinion
Les assemblées générales annuelles des actionnaires sont devenues des espaces de pression et de contestation. Récemment, le patron de Barclays, qui fait actuellement l'objet d'une enquête judiciaire pour avoir cherché à démasquer l'identité d'un lanceur d'alerte, a été chahuté pendant son Assemblée générale. Et les actionnaires de LafargeHolcim ont été 40% à s'opposer à la décharge de la direction dans l’affaire de financement de groupes terroristes en Syrie.
"À long terme, l'augmentation du nombre de dirigeants remerciés suite à des scandales ou à des affaires peut avoir un effet positif sur l'opinion publique qui sera assurée que les comportements inappropriés soient repérés et sanctionnés. En outre, aujourd’hui les dirigeants doivent davantage donner l'exemple, tant sur le plan personnel que professionnel. L’opinion publique attend d’eux qu’ils mettent en place et appliquent une véritable culture de l'intégrité", souligne Pierre Péladeau.
Concepcion Alvarez @conce1