Publié le 04 septembre 2017
ENTREPRISES RESPONSABLES
Tempête Harvey : Arkema décide de brûler ses stocks de produits dangereux pour éviter de nouvelles explosions
Dimanche 3 septembre, Arkema a décidé de provoquer l’incendie de ses stocks de peroxydes organiques de son usine de Crosby Texas. La tempête Harvey ayant provoqué la perte des systèmes de refroidissement du site industriel, ces produits risquaient d’exploser.

Images CNN
Dans le sillage des dégâts laissés par l’ouragan Harvey qui a ravagé le Texas, le cas de l’usine du chimiste français Arkema, basée à Crosby, a massivement attiré l’attention. Après avoir perdu son alimentation en électricité à cause d’une inondation, l’usine ne pouvait plus assurer le refroidissement du peroxyde organique, inflammable à température ambiante, dont 227 tonnes étaient stockées sur site. Jeudi 31 août, deux explosions étaient signalées par les autorités. De plus, une épaisse fumée noire potentiellement dangereuse avait commencé à se dégager.
Heureusement, aucun blessé ne fut à déplorer car l’industriel avait prévenu les autorités de ce risque dès le mardi 29 août. Ces dernières avaient fait évacuer les populations sur un périmètre de 1,5 mile (2,4 km). Malgré ces explosions, le danger n’était pas écarté. "Le produit est stocké dans plusieurs endroits sur le site et une menace d'explosion supplémentaire demeure", prévenait Arkema dans un communiqué.
Neuf containers incendiés
Finalement, Arkema a décidé, dimanche 3 septembre, de détruire ses propres produits. "Nous avons des preuves visuelles et évidentes selon lesquelles les produits chimiques stockés dans les remorques se décomposent mais n'ont pas atteint le seuil d’inflammabilité. Nous sommes convaincus que sans combustion de ces produits, nous ne pouvons pas déterminer si le danger est complètement écarté. Compte tenu de ces éléments, nous avons pris la décision de déclencher par anticipation l’incendie des remorques en prenant toutes les mesures qui s’imposent pour une telle intervention", explique l’entreprise.
Concrètement, l’industriel a incendié neuf containers posés sur des remorques. Ils avaient été placés ainsi pour les protéger de la montée des eaux. "Le 3 septembre vers 23h00 (heure française), Arkema, en coordination avec les autorités, a pris la décision de procéder par anticipation au déclenchement de l’incendie (…) Ces matériels de transport où étaient entreposés des peroxydes organiques ont été en grande partie détruits par le feu", rapporte Arkema. En conséquence, le périmètre de sécurité a été levé.
Malgré la transparence d’Arkema sur ce dossier auprès des autorités et de la population, l’événement pourrait avoir des conséquences à long terme sur l’entreprise. Outre la perte d’une partie de sa production et le coût des réparations, l’organisme américain sur la sûreté chimique (Chemical Safety Board) a ouvert une enquête. Celle-ci sera d’autant plus importante que des citoyens et des organisations environnementales appellent à renforcer les contrôles et les normes imposés à l’industrie chimique.
Ludovic Dupin @ludovicDupin