Fabrice Bonnifet: "taxer l'énergie et baisser les charges"
Concurrence faussée avec des entreprises ne respectant pas les droits humains, délocalisation des emplois, risques environnementaux, sociaux, judiciaires ou de réputation… Les problématiques RSE de la chaîne d’approvisionnement touchent de plein fouet le tissu économique français. Pourtant, à l’heure de la campagne présidentielle, le sujet n’est jamais abordé dans les débats politiques. Novethic a donc interrogé les candidats à la présidentielle sur ces questions. Nous donnons maintenant la parole aux acteurs de la RSE pour décrypter leurs réponses. Le point de vue de Fabrice Bonnifet, président du C3D, le Collège des directeurs développement durable, et directeur développement durable et QSE du groupe Bouygues.

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Novethic. D'après vous, les candidats ont-ils compris le sujet "supply chain" ?
Fabrice Bonnifet. Globalement, oui ils ont compris. Il n’est pas surprenant de retrouver les tendances "politiques" derrière chacune des réponses des candidats. Mais le sujet n’est pas d’avoir compris, mais bien de proposer des idées pour mieux répondre à cet enjeu.
Quelles sont les propositions qui vous semblent concrètement utiles pour faire avancer le sujet dans les entreprises ?
Deux propositions mentionnées plusieurs fois me semblent aller dans la bonne direction :
- L’harmonisation fiscale, a minima en Europe, car il est utopique de l’espérer au niveau mondial même à moyen terme.
- Les entreprises doivent exiger les certifications ISO (9001, 45001, 14001) de leurs fournisseurs et sous-traitants.
Mais la chose la plus importante – et cela n’a été mentionné par aucun des candidats – à mettre en place pour éviter les drames (humains et environnementaux) souvent associés à la "supply chain" est clairement de taxer beaucoup plus l’énergie et baisser les charges sur les salaires !
Par ailleurs, il est également urgentissime de donner un prix au carbone au niveau de l’UE pour les produits importés.
Quelles sont les propositions qui vous semblent inadaptées ou contre-productives ?
Je ne suis pas certain que renforcer encore la réglementation (voir le débat actuel sur le devoir de vigilance, NDLR) améliore la situation dans la mesure où, dans la plupart des cas de dérive, le problème n’est pas l’absence de règles (droits de l’Homme, corruption….), mais le non-respect des règles (soft/hard) existantes, à commencer par celles de l’OIT. Sans doute un net durcissement des sanctions serait plus efficace auprès des donneurs d’ordre peu scrupuleux.