Publié le 13 octobre 2015
ENTREPRISES RESPONSABLES
Vigeo fusionne avec la britannique EIRIS pour faire face à un marché de la notation sociale devenu ultra-concurrentiel
Vigeo, l’agence française d’analyse des entreprises sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), dirigée par Nicole Notat, et EIRIS, son homologue britannique, ont confirmé leur fusion mardi 13 octobre. Leur objectif : former un attelage visible au plan international pour affronter une concurrence accrue.

Thomas Sanson / AFP
"Nous avons besoin d’être un acteur global dans un marché ultra-concurrentiel" explique Nicole Notat, la présidente de Vigeo, avant d’ajouter que "l’analyse très poussée de ce marché a très vite montré que EIRIS était le meilleur choix possible pour nous. Nous étions compatibles en termes de méthodologie de notation ESG et de culture, EIRIS a aussi un rayonnement international et enfin nos synergies étaient fortes puisqu’il y avait très peu de recoupements entre nos deux entreprises."
C’est ainsi que Vigeo, la Française aux 120 collaborateurs, présente à Paris, Casablanca, Bruxelles, Milan, Londres, Tokyo et Santiago du Chili s’est mariée avec la britannique EIRIS, disposant d’une soixantaine d'associés et opérant en "Australasie" et aux Etats-Unis en plus de son pays d’origine, à travers une dizaine de partenariats exclusifs.
Approches communes
La première est née en 2002, la seconde à la fin des années 80. Elles ont chacune incarné, au moment où l’investissement socialement responsable (ISR) a pris son essor il y a une dizaine d’années, deux tendances différentes. Vigeo est associée à la logique dite de "best in class", c'est-à-dire une notation et un mode de gestion qui s’efforcent de repérer et sélectionner les entreprises les plus performantes sur des critères environnementaux et sociaux dans chaque secteur sans exclusion.
EIRIS, qui compte parmi ses clients de nombreuses fondations et congrégations religieuses, a plutôt une image liée à l’exclusion de secteurs ou d’activités pour des raisons éthiques. Elle est d’ailleurs restée très longtemps le fournisseur de l’indice boursier éthique, FTSE4Good. "C’est en partie vrai", confirme Nicole Notat. "Mais notre rapprochement, qui n’a pris que quelques mois, a montré que nous avions en fait des approches communes puisque Vigeo répond à toutes les demandes de ses clients, y compris l’exclusion et qu’EIRIS fait aussi de la notation globale. C’est pourquoi nous serons très rapidement capables de construire une organisation unique avec une méthodologie partagée." Cela pourrait être fait dès le début de l’année 2016.
Globalisation
Nicole Notat reste présidente du nouvel ensemble Vigeo-EIRIS qui, pour l’instant, ne change pas de nom. Peter Webster et Stephen Hine, les deux dirigeants historiques d’EIRIS, sont membres du nouveau comité de direction. Cette opération permettra d’offrir aux clients des deux agences de notation la couverture de 10 000 entreprises dans le monde. "Nous entrons dans une nouvelle phase", conclut Nicole Notat. "La notation ESG doit être globalisée. A un moment où s’accentue pour les entreprises la nécessité de transformer leurs modèles qui ne sont plus soutenables, nous disposons d’un atout formidable : notre double métier de notation. Nous pouvons répondre aux besoins des investisseurs responsables mais aussi aux demandes des entreprises elles-mêmes qui souhaitent bénéficier d’audits et d’évaluations de leurs performances ESG par rapport à leurs concurrentes."
La fusion sera financée par une augmentation de capital de 6,3 millions d’euros, qui doit être validée par la prochaine assemblée générale de Vigeo, programmée courant novembre. Cela aura pour conséquence d’augmenter le poids des financiers au capital de Vigeo, aujourd’hui réparti entre trois collèges : celui de gestionnaires financiers et fonds de pensions, qui en représentent 55%, celui des entreprises (26%) et celui des organisations syndicales (19%).