Marc Jacouton : "le devoir de vigilance, une opportunité pour les PME-ETI françaises"
Concurrence faussée avec des entreprises ne respectant pas les droits humains, délocalisation des emplois, risques environnementaux, sociaux, judiciaires ou de réputation… Les problématiques RSE de la chaîne d’approvisionnement touchent de plein fouet le tissu économique français. Pourtant, à l’heure de la campagne présidentielle, le sujet n’est jamais abordé dans les débats politiques. Novethic a donc interrogé les candidats à la présidentielle sur ces questions. Nous donnons maintenant la parole aux acteurs de la RSE pour décrypter leurs réponses. Le point de vue de Marc Jacouton, prèsident du club PME climat du Global Compact France et directeur du développement durable et relations extérieures de Cepovett.

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Novethic. D'après vous, les candidats ont-ils compris le sujet "supply chain" ?
Marc Jacouton : Dans un contexte de commerce international, rendre plus "juste" la chaîne d’approvisionnement s’inscrit dans une vision contemporaine de l’économie mondiale, soit une "économie positive" qui cherche à réduire ses externalités négatives et à maximiser ses impacts positifs. Le devoir de vigilance et le principe de précaution dans la chaîne d’approvisionnement sont de nouvelles opportunités pour les PME-ETI françaises au service de leur compétitivité.
Mais il y a urgence à arrêter de faire porter trop d’obligations et de réglementations sur les entreprises françaises. Les candidats à l’élection présidentielle doivent garder en tête que les PME françaises (qui constituent le poumon économique de nos territoires) restent les fournisseurs des grands groupes nationaux et internationaux. La France est aujourd’hui la championne incontestée de la production normative, c’est l’un des boulets pour la compétitivité de nos entreprises, notamment pour les PME.
Quelles sont les propositions qui vous semblent concrètement utiles pour faire avancer le sujet dans les entreprises ?
En matière de chaîne d’approvisionnement, la responsabilisation des entreprises doit impérativement passer par plus de transparence, plus de traçabilité, voire un "fléchage éthique" réglementaire susceptible de mieux informer et éclairer les consommateurs avant l’acte d’achat : il y a urgence à privilégier et prôner politiquement une responsabilité élargie du "devoir de vigilance", des industriels aux sous-traitants, jusqu’aux consomm’acteurs…
Dans ce contexte, nos futurs dirigeants politiques français, en coordination avec leurs homologues européens, doivent jouer tout leur rôle en imposant aux acteurs plus de transparence dans la chaîne d’approvisionnement, notamment par la mise en place d’outils d’information consommateurs comme "l’affichage élargi" sur les produits, qui pourraient intégrer des données éthiques liées à la supply chain.
Quelles sont les propositions qui vous semblent inadaptées ou contre-productives ?
La RSE est le nouvel outil vertueux pour les entreprises, notamment les PME, dont les bénéfices au profit des droits de l’Homme, des relations et conditions de travail comme de l’environnement, sont réels. Cette vision "soft law" de la RSE doit s’imposer face à la contrainte, car une démarche volontaire créatrice de valeur économique / immatérielle, plus que répressive, donnera davantage de résultats.
De bonnes pratiques existent déjà, notamment dans la filière textile bio-équitable, qui apporte 100% de traçabilité éthique sur toute la chaîne d’approvisionnement, du champ de coton à l’usine de confection du vêtement.