Publié le 23 décembre 2015
ENTREPRISES RESPONSABLES
Les grandes entreprises mondiales peuvent mieux faire en matière de RSE
L’édition 2015 de l’étude annuelle de l’agence de notation extra-financière Oekom montre peu d’évolution dans la mise en place des stratégies RSE des grandes entreprises. Les sociétés américaines accusent un grand retard sur leurs concurrents européens.

Aris Oikonomou / SOOC / AFP
"La mise en place de stratégies RSE est toujours moins dynamique qu’il ne le faudrait. Les entreprises doivent faire plus, même si bien sûr, elles ne sont pas les seules à devoir apporter des solutions", déclarait Till Jung, le directeur du développement de l’agence de notation extra-financière Oekom Research lors de la présentation de son étude annuelle "Oekom Corporate Responsibility Review" sur la prise en compte de la RSE par 1 600 grandes entreprises des pays industrialisés.
Premier enseignement ? Les entreprises qui frisent l’excellence sont quasi inexistantes : elles comptent pour 0,1 % de l’ensemble du panel et sont toutes européennes. Les mentions "bien" comptent pour 16,2 % et les mentions "passable" pour 34,1 %. "On voit un léger progrès chez ceux qui ne se préoccupent pas ou peu de RSE : ils passent de 53,1 % du panel à 49,7 % entre 2013 et 2014. Cela peut être dû à une amélioration de la transparence mais aussi à un petit changement de méthodologie qui fait la part moins belle à l’immobilier et au pétrole, traditionnellement dans le bas du classement", souligne Till Jung.
Au niveau global, les secteurs qui tiennent le haut du panier sont les produits ménagers, l’automobile et l’électronique grand public, des secteurs qui restent proches de leurs consommateurs fait remarquer l’expert d’Oekom. "Le secteur financier, à travers les banques et assurances, reste toujours assez mauvais. Il est aussi décevant de voir que l’immobilier, un secteur qui devrait pourtant aider à assurer la transition énergétique, fait figure de bon dernier…".
Négociations du TTIP : la médiocrité des entreprises américaines inquiète
Autre fait marquant : le grand écart entre l’Europe et les Etats-Unis. La majorité des leaders sectoriels sont européens mais la dichotomie entre les deux continents est plus large. Quand les entreprises européennes obtiennent une note moyenne de 40,6/100, les sociétés américaines stagnent à 25,2/100, avec une écrasante majorité (57,8 %) d’entreprises classées comme "pauvres en matière de RSE". Une situation qui préoccupe Oekom à l’heure des négociations sur le traité transatlantique (TTIP).
Parmi les mesures controversées de cet éventuel accord, on trouve en effet le droit des entreprises à demander réparation aux gouvernements dans le cas où elles estimeraient que les lois du pays contreviendraient à leurs intérêts. Faut-il alors craindre un nivellement par le bas ? "Dans ce contexte, la question des standards de management du développement durable des entreprises de chaque côté de l’Atlantique ainsi que la qualité sociale et environnementale des produits deviennent extrêmement importantes", s’inquiète en tout cas l’agence de notation.
Enfin, Oekom souligne le prix des controverses pour les grandes entreprises. Les violations des droits de l’Homme, de l’environnement ou la corruption "ont un impact direct sur les décisions des investisseurs. L’utilisation de critères d’exclusions ou des exclusions normatives concernent désormais un volume d’encours très important dans l’ISR. Et l’investissement socialement responsable, c’est désormais 1/3 du marché mondial des capitaux !", affirme Till Jung.
Sans surprise, les secteurs les plus concernés sont les mines & métaux ainsi que le pétrole & gaz mais aussi le textile, principalement sur les droits du travail dans la chaîne d’approvisionnement.