Publié le 19 février 2016
ENTREPRISES RESPONSABLES
Les cadres RSE sont-ils les dirigeants de demain ?
Dans la deuxième édition de son étude sur les métiers en lien avec la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et du développement durable (DD), le cabinet de recrutement Birdeo dresse le panorama d'un secteur en pleine mutation. Revue des enseignements marquants.

iStock
"Ils veulent changer le monde, mais n’approchent pas le monde du travail de façon idéaliste ou militante. Ce sont avant tout des professionnels. Ils ont un métier. Ils maîtrisent un secteur. Multi-diplômés, pluri-compétents, ils ont des profils internationaux ouverts sur le monde, ils sont porteurs de valeurs fortes avec un haut niveau de satisfaction et une fidélité élevée au secteur".
Cette description est celle des cadres de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et du développement durable. Et c’est le portrait – flatteur – qu’en dresse Caroline Renoux, directrice de Birdeo, cabinet spécialisé dans le recrutement de ce type de profils, qui vient de publier la seconde édition de son étude sur les métiers liés aux nouveaux enjeux sociétaux.
L’an dernier, la première édition les décrivait comme une espèce sauvage, en voie d’apparition et à protéger. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Un secteur qui se structure
Premier constat : ce secteur est toujours une "galaxie", que décrivait le sociologue Gilles Hauser dans la première édition. Les 650 personnes ayant répondu à l’étude (1) exercent pas moins de... 500 métiers différents, allant du directeur développement durable à l’analyste ISR (investissement socialement responsable), en passant par le chef de projet reporting RSE, le manager distribution responsable ou le directeur de cabinet de conseil RSE. Une diversité qui, selon Birdeo, montre "le dynamisme et le foisonnement d’un secteur prometteur".
Ces postes, ils les exercent soit en tant que salariés, dans des secteurs liés à la RSE ou au DD (énergie, environnement...), soit en tant qu’entrepreneurs, essentiellement en cabinets de conseils spécialisés (13%). Près de la moitié des plus de 30 ans ont déjà eu au moins 3 expériences dans le secteur.
Des cadres à l’avant-garde
Ces pionniers sont devenus des experts, des cadres "d’un nouveau type", qui ont des compétences multiples : ils sont à la fois spécialistes d’un secteur et de la RSE, le plus souvent par conviction. Les valeurs liées au respect des critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance constituent d’ailleurs le 1er critère dans leur choix de carrière. Par leur vision transverse et stratégique, "ils infiltrent les fonctions clés de l’entreprises. L’ensemble de leurs atouts et compétences en font le terreau des dirigeants de demain", estime Birdeo.
Ce secteur est à l’avant-garde de l’égalité salariale homme-femme : alors que les cadres françaises sont payées 21% de moins que leurs homologues masculins, dans ce domaine, la différence n’est "que" de 3%.
Un nivellement par le bas
Si l’égalité est plus forte, elle est aussi nivelée par le bas. À âge comparable, les cadres RSE et DD des secteurs associatif et public touchent respectivement 23% et 14% de moins qu’un cadre du privé (que ce soit dans le domaine de la RSE ou la moyenne française).
C’est aussi un secteur qui reste plus précaire que d’autres : 75% des cadres du secteur sont en CDI, contre 86% pour la moyenne des cadres français. Une précarité qui se ressent surtout dans le secteur public ou associatif où seuls 39% des cadres RSE et DD sont en CDI.
Et pourtant, ce qui leur manque essentiellement, au-delà de plus hauts salaires, ce sont des moyens et des perspectives d’évolution. "Il semblerait que les organisations n’aient pas toutes appréhendé l’apport et l’importance des éléments extra-financiers dans leur structure. Ces spécialistes ne sont pas encore suffisamment valorisés par les ressources humaines et les dirigeants. Il en va de même pour les moyens alloués à leurs projets. Une situation sans doute amenée à évoluer au cours des prochaines années au vu de la place que les nouveaux enjeux sociétaux prennent aujourd’hui", veut croire Birdeo.
Un espoir pour ces cadres qui aiment leur secteur d’activité et qui lui sont fidèles : plus de la moitié s’y voient faire toute leur carrière et 9 sur 10 estiment y travailler pour au moins 5 ans.