Publié le 11 août 2014

ENTREPRISES RESPONSABLES

Reporting : si on mesurait moins, mais qu’on mesurait mieux ?

Mesurer la performance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) de l’entreprise par des indicateurs, c’est le but du reporting extra-financier. C’est un pas de plus vers la transparence. Mais la profusion des données collectées peut vite transformer l’exercice en usine à gaz. Les petites et moyennes entreprises en font l’amère expérience. Il est nécessaire de trouver des indicateurs plus pertinents. Quelques entreprises pionnières se sont lancées sur cette piste.

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© istock

Le reporting extra-financier est dans une nouvelle dynamique. En France, les nouvelles règles du jeu issues du Grenelle II (article 225) commencent à être intégrées et l’Union européenne va prochainement se doter d’une réglementation en la matière. D’autres pays, y compris les émergents, veulent également y venir. 

Cette tendance ouvre la voie à une meilleure prise en compte des externalités et à plus de transparence. Mais l’influence grandissante de la mise en chiffres des actions RSE (responsabilité sociale des entreprises) a son revers. Dans les grandes entreprises cotées, soumises depuis longtemps à l’obligation de l’exercice, l’organisation a couramment permis de faire de la multiplication des indicateurs un "aiguillon" pour la mise en musique de la stratégie RSE et un atout indispensable à la mesure de son impact. Mais dans les plus petites, c’est souvent une autre histoire.

 

Les indicateurs ne doivent pas se substituer à la stratégie !

 

Récemment, une directrice RSE d’un groupe de taille moyenne confiait son désarroi lors de son arrivée en poste. La prolifération d’indicateurs semblait y tenir lieu de stratégie. Pas toujours pertinents, peu expliqués à ceux chargés de les collecter et parfois même sujets à caution, une trop grande partie des indicateurs était au mieux inutilisable, au pire parasitaire pour la mise en place d’une réelle stratégie. Bref, de son aveu même, le système de reporting était devenu une vraie "usine à gaz". Son cas est loin d’être isolé.

A titre d’exemple, pour l’édition 2013 de son baromètre du reporting environnemental de l’immobilier, Novethic avait ainsi examiné plus de 1 500 pages de rapports développement durable (DD) pour analyser les 61 entreprises de son périmètre !

La RSE a généré un tel volume de données qu’elle est confrontée à leur gestion et aux problèmes dits de "big data". Dans son baromètre Développement durable RSE, BDO-Malakoff-Médéric pointe lui aussi le paradoxe. Certes, la majorité des responsables RSE interrogés se rejoignent sur la nécessité de mesurer l’efficacité des actions RSE grâce à  des indicateurs, mais ils sont tout autant à exprimer leur difficulté à le faire, faute d’outils cohérents et communs entre entreprises.

 

Overdose de données

 

L’overdose n’est pas loin non plus du côté des investisseurs et des administrateurs, qui doivent aussi faire face à la surabondance des informations comptables et financières, sans qu’elles répondent toujours à leurs besoins.

La première étape vers la clarification du reporting extra-financier est la construction d’indicateurs pertinents. Les nouveaux dispositifs français et européen y contribuent en demandant aux entreprises de cibler des indicateurs phares et d’expliquer en quoi ils sont cruciaux pour leur métier. Ils ouvrent aussi la voie vers le reporting intégré, qui consiste à mêler les données financières et extra-financières clefs pour expliquer comment l’entreprise crée de la valeur.

Mais celui-ci n’est déployé que par quelques pionniers. Pour passer de la mesure exhaustive à l’analyse pertinente de la stratégie, la RSE a besoin d’un nouvel élan apporté par ces entreprises leaders, capables d’entraîner les autres.

 

Cet article a initialement été publié dans Repères RSE.

Béatrice Héraud
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