Publié le 26 mai 2020
ENTREPRISES RESPONSABLES
La Plateforme RSE demande des actes aux entreprises en matière de responsabilité sociétale
Face à la crise du Covid-19, la Plateforme RSE, l’instance de concertation sur la responsabilité sociétale des entreprises placée sous l’égide du Premier ministre, appelle à passer de la "parole aux actes". Une prise de position pas si fréquente pour cette instance qui réunit des voix aussi diverses que celles des ONG, du patronat, des élus, des chercheurs, des experts et des syndicats.

@gersay
"Aux actes !" demande la plateforme RSE. Face au Covid-19, l’instance de concertation auprès du Premier ministre sort de sa réserve habituelle et appelle les entreprises à "renforcer leur engagement en matière de RSE dans leur stratégie d’après crise".
"Depuis le début de la crise, beaucoup de tribunes et d’appels à plus de responsabilité ou une relance verte ont été publiées mais elles regroupent des acteurs du même milieu. En tant que plateforme multi-acteurs, regroupant des opinions aussi différentes que celles des ONG et du patronat en passant par celles des syndicats, élus, institutions et chercheurs, il nous a paru important de prendre nous aussi la parole pour faire le point sur le socle commun", explique Frédérique Lellouche, nouvelle présidente de la plateforme et secrétaire confédérale CFDT en charge de la RSE et de la gouvernance.
Dans un texte qui s’est aussi nourri des différentes tribunes de ses membres, la Plateforme appelle à ce que la "dynamique de RSE soit pleinement intégrée aux stratégies des entreprises, tant des grandes que des TPE et des PME". Car celles-ci ont tout à y gagner, explique-t-elle. "L’atteinte par les entreprises de leurs objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux est au moins aussi essentielle à leur survie que leurs performances financières". Les premiers mois de la crise le prouvent concrètement.
Alors que le Medef et l’Afep, tous deux membres de la plateforme, ont créé la polémique en demandant le report de mesures environnementales, le texte précise que "la crise sanitaire n’efface pas la gravité de la crise environnementale préexistante. Il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer l’importance de la transition écologique et solidaire".
Demande de rendez-vous au gouvernement
Mais pour Pierre-Yves Chanu, représentant de la CGT et ancien président de la plateforme, ces mots sonnent creux et servent surtout à "redorer le blason du Medef". Face à l’ampleur de la crise, la confédération aurait souhaité aller plus loin, en demandant notamment que les entreprises cotées ne versent pas de dividendes à leurs actionnaires, en réaffirmant la responsabilité fiscale des entreprises, tout autant que l’importance du service public. Des propositions qui n’ont pas été intégrées car ne correspondant pas à l’angle "acteurs privés de toutes tailles" pris par la tribune, précise Frédérique Lellouche.
Le texte n’est cependant qu’un début à un travail plus profond sur l’impact du Covid-19 sur la RSE précise la présidente de la plateforme. La tribune va également servir à interpeller le gouvernement sur le sujet. "Nous allons transmettre le texte au Premier ministre, sous l'autorité duquel nos sommes placés, ainsi qu’aux ministères membres de la Plateforme : l’Économie, la Transition écologique et solidaire, la Justice, le Travail et les Affaires étrangères, avec demande de rendez-vous pour faire connaitre notre feuille de route", précise la présidente. Un dialogue qui pourrait ainsi nourrir le plan de relance français prévu à l’automne.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud