Publié le 03 janvier 2018
ENTREPRISES RESPONSABLES
Incitation à la haine sur les réseaux sociaux : en Allemagne, l’application de la loi fait polémique
Depuis le 1er janvier, en Allemagne, Twitter, Facebook et les autres réseaux sociaux doivent rapidement effacer les propos incitant à la haine. Sans quoi ils risquent de se voir infligés une lourde amende. Mais cette législation, qui vient d’être mise en application avec un tweet de la responsable du parti d’extrême droite, fait débat.

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À peine entrée en vigueur, la loi allemande obligeant les grandes entreprises du web à lutter contre les messages haineux fait déjà polémique. En cause, la suppression d’un tweet de la responsable du parti d’extrême droite, Beatrix von Storch pour "incitation à la haine".
La polémique a pris corps à partir des tweets de la police de Cologne qui a publié, lors de la Saint Sylvestre, des appels à la prudence en plusieurs langues, dont l’arabe. Très active sur les réseaux, l’élue d’extrême droite s’est aussitôt fendue d’un tweet rageur : "Pourquoi la police publie maintenant des messages en arabe ? Pour essayer d’amadouer ces hordes d’hommes barbares, musulmans et violeurs ?".
Un message effacé par Twitter et Facebook qui ont également bloqué le compte de l’élue pendant quelques heures. De son côté, la police de Cologne a déposé plainte contre Beatrix von Storch pour "incitation à la haine". Selon le parquet de la ville, plusieurs autres centaines de plaintes ont été émises par des particuliers.
Jusqu'à 50 millions d'euros d'amende
Les réseaux sociaux ont agi en vertu de la nouvelle législation allemande votée l’été dernier. Celle-ci vise à sanctionner plus durement les messages d’incitation à la haine (insultes, appels à la violence ou propagande terroriste par exemple) et à responsabiliser les hébergeurs de ces contenus. S’ils ne retirent pas suffisamment rapidement de tels propos – généralement dans les 24 heures – les réseaux sociaux ou plateformes type YouTube, comptant plus de deux millions d’utilisateurs, risquent de lourdes amendes. Jusqu’à 50 millions d’euros.
Mais pour le co-président du parti de Beatrix von Storch, l’AfD, cette législation est "liberticide" et "digne des méthodes de la Stasi", l’ancienne police politique du régime communiste, en RDA.
Béatrice Héraud @beatriceheraud avec AFP