Publié le 13 janvier 2017
ENTREPRISES RESPONSABLES
Égalité professionnelle : "préserver le mouvement insufflé pendant ce quinquennat"
Un bilan positif, quelques zones d’ombre... Pour Olga Trostiansky, c’est ce qui ressort du quinquennat de François Hollande en matière d’égalité professionnelle. La présidente du Laboratoire de l’égalité, qui vient de publier un état des lieux, revient sur le chemin parcouru ces cinq dernières années et sur ce qu’il reste à accomplir.

Jacques Demarthon / AFP
Quel regard portez-vous sur le quinquennat de François Hollande, sur lequel vous venez de publier un état des lieux ?
Olga Trostiansky : On vient de vivre cinq années extraordinaires sur les droits des femmes en France. Pour la première fois, depuis Yvette Roudy, le gouvernement s’est doté d’un ministère sur ces questions. Les quinquennats précédents résumaient les droits des femmes à la violence.
La ministre Najat Vallaud-Belkacem a su comprendre et faire comprendre que les droits des femmes c’est aussi l’égalité professionnelle. Elle a imposé l’égalité partout, tout le temps, et pas seulement le 8 mars (journée internationale des droits de femmes, NDLR).
On peut avoir une crainte pour la suite. Il y a des crispations, des régressions, on entend certains dire que "les femmes doivent rentrer au foyer", qu’il y’aura de ce fait "plus de travail pour les hommes". Il faut faire attention à ce type de climat.
Concrètement, quelles mesures phares retenez-vous ?
Celle sur la présence des femmes dans les conseils d’administration (CA). La loi Copé-Zimmerman, complétée par Najat-Vallaud Belkacem, a fait avancer les choses. On est sur la bonne voie même si le quota de 40% de femmes dans les CA n’est pas encore atteint.
Un autre point positif concerne les sanctions. Depuis 2013, les entreprises de plus de 50 salarié.e.s devaient élaborer un plan d’action sur l’égalité professionnelle. Najat Vallaud-Belkacem a fait passer cette obligation du virtuel au réel en imposant des sanctions aux entreprises.
Enfin, la loi Rebsamen a été une avancée majeure. Elle impose la proportionnalité dans les organisations syndicales. Certaines entreprises sont aujourd’hui composées à 80% de femmes et pourtant ces dernières sont représentées syndicalement à 100% par des hommes.
Quels sont les points noirs ?
La précarité des femmes. L’écart salarial entre femmes et hommes est aujourd’hui de 27%. Les métiers dans lesquels les femmes sont sur-représentées sont sous payés. C’est l’inverse pour les hommes.
88% des personnes qui sont à temps partiel sont des femmes. Il y a celui subi, principalement par les caissières de supermarchés ou les femmes de ménage mais il y a aussi une grosse partie des femmes qui choisissent un 4/5ème. Or cela pèse directement sur leur carrière et sur les retraites : on observe un écart de retraite de 30%.