Publié le 25 août 2015
ENTREPRISES RESPONSABLES
Ces patrons américains qui gagnent 204 fois plus que leurs salariés
Les données publiées ce mardi par le Glassdoor Economic Research vont encore alimenter le débat sur le creusement des inégalités salariales outre-Atlantique. En moyenne, un patron américain gagne 200 fois plus que ses salariés. Et dans certaines entreprises, ce ratio dépasse les 1 000. Une tendance que le gouvernement tente de freiner. Dès 2017, les grandes entreprises américaines devront dévoiler l’écart de salaires entre patron et salariés.

Alberto E. Rodriguez/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/ AFP
204, c’est l’écart moyen entre le revenu annuel d’un patron américain et celui de ses salariés. Le Glassdoor Economic Research, institut de recherches américain spécialisé dans le marché du travail, a analysé les données des entreprises du S&P500, l'indice boursier basé sur les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses américaines. Il les a rendues publiques dans un rapport diffusé ce mardi.
Salaire moyen des dirigeants : 13,8 millions de dollars
De l’autre côté de l’Atlantique, le revenu moyen d’un dirigeant est de 13,8 millions de dollars par an, stock-options, primes et autres bonus inclus. Le revenu médian moyen des salariés des entreprises du S&P500 est quant à lui de 77 800 dollars par an. En moyenne donc, un patron américain gagne 204 fois plus que ses salariés. C’est le cas chez Dow Chemical, Pfizer, Whirlpool ou encore Goldman Sachs.
Mais il ne s’agit là que d’une moyenne. Parmi les plus gros ratios, on trouve des PDG qui gagnent plus de 1 000 fois le revenu annuel de leurs salariés. Ainsi, David M. Zaslav, qui dirige Discovery Communications, a gagné l’année dernière 156 millions de dollars, contre un revenu médian chez ses salariés estimé à 80 000 dollars. Soit 1 951 fois plus. Parmi les mauvais élèves, on trouve aussi Chipotle, avec un ratio de 1 522, ou encore Walmart avec un ratio de 1 133.
Des CEO qui se versent 1 dollar de salaire
En bas du tableau, trois entreprises font figure d’exception : Fossil, Google et Kinder Morgan. Leurs CEO font partie de ces patrons déjà fortunés de grandes entreprises américaines, qui ont adopté le salaire à 1 dollar, le salaire minimal permis par la loi américaine. Cette pratique, déjà utilisée pour limiter au maximum les dépenses lors des deux guerres mondiales, est récemment réapparue pour faire face aux polémiques sur les rémunérations excessives des dirigeants américains.
Ainsi, Larry Page, le dirigeant et cofondateur de Google, n'a effectivement gagné qu'un salaire de 1 dollar en 2014. Mais Forbes estime sa fortune à plus de 30 milliards de dollars et le classe parmi les 20 plus grosses fortunes au monde. Chez Facebook, le ratio est de 3, chez TripAdvisor de 12, et chez Amazon de 15.
Obligation de transparence dès 2017
Le 5 août dernier, les États-Unis ont pris de nouvelles mesures pour lutter contre ces inégalités salariales. La SEC (Securities and exchange commission), gendarme de la bourse américaine, a voté à une très courte majorité l’une des dispositions les plus emblématiques mais aussi les plus critiquées de la loi de régulation de Wall Street de 2010 dont elle est issue. La rémunération des patrons américains a explosé au cours des dernières décennies : elle était en moyenne en 2013 près de 300 fois supérieure à celle d’un salarié médian contre 20 fois en 1963, selon une étude du centre de réflexion Economic Policy Institute.
À partir de 2017, la plupart des entreprises cotées devront publier dans leur rapport annuel le ratio entre la rémunération des PDG et le revenu médian de leurs employés. Pour calmer les critiques, la SEC a accordé une certaine "flexibilité" aux entreprises pour établir le ratio, en leur permettant par exemple de choisir la date de référence pour calculer le salaire médian de leurs salariés. Des aménagements insuffisants toutefois pour calmer le puissant lobby patronal de la Chambre de commerce américaine qui a qualifié cette règle de "faveur" accordée aux syndicats.
Certaines entreprises ont d’ores et déjà pris les devants. En avril dernier, Walmart a augmenté le salaire de 500 000 employés, et McDonald's a également annoncé qu’il reverrait à la hausse le salaire de 90 000 employés aux États-Unis.