Publié le 29 mai 2019
ENTREPRISES RESPONSABLES
10% Lab, la nouvelle initiative gouvernementale pour engager les entreprises dans la transition
Après le French Impact, le Pact for Impact, voici le 10 % Lab. Une nouvelle initiative gouvernementale destinée à rassembler les entreprises autour de la transition écologique et sociale. L’objectif : montrer que le gouvernement agit sur le sujet alors que l’écologie a été un thème porteur lors des élections européennes.

@ministère de la transition écologique et solidaire
10 %, c’est le point de bascule d’une communauté engagée pour faire changer la norme sociale et entraîner dans son sillage la majorité. Tel le principe posé par le journaliste américain Malcolm Gladwell, qui est devenu le mot d’ordre gouvernemental pour une économie plus inclusive et écologique. Lancée mardi 28 mai par le ministre François de Rugy et le haut-commissaire à l’Économie sociale et solidaire (ESS), Christophe Itier, l’initiative "10 % Lab" vise à former une coalition d’entreprises engagées, en fédérant les actions existantes et en identifiant les leviers d’action pour changer d’échelle.
Cinq grands chantiers
L'initiative est née d’une consultation de plus d’une centaine d'entreprises, d'associations, de startups, d'acteurs de l’économie sociale et solidaire, etc. Des petits-déjeuners, qui se sont déroulés entre avril et mai, ont donné lieu à cinq grands constats, comme autant de chantiers à mener pour changer d’échelle.
Comment passer d’un mouvement de pionniers à un mouvement plus général ? Comment soutenir et financer cette économie écologique et inclusive ? Comment objectiver et mesurer sa contribution ? Comment faire des approches de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) une approche contributive à l’intérêt général en mobilisant notamment les salariés ? Et enfin comment apporte-t-on cela dans les territoires ?
Des sujets sur lesquels cinq groupes de travail vont devoir plancher en juillet. Objectif : un plan d'action qui sera présenté par Christophe Itier en septembre. Ils sont emmenés par des chefs d’entreprise comme Jean-Baptiste Moreau de Phenix ou Emery Jacquillat de la Camif, des directeurs développement durable comme Hélène Valade de Suez, de l’engagement comme Antoine Sire de BNP Paribas, d’association comme la Croix Rouge, ou de réseau comme Fella Imalhayene du Global Compact.
"Révolution entrepreneuriale"
Pour Christophe Itier, il ne s’agit pas moins d’une "nouvelle révolution entrepreneuriale". Elle s’inscrit notamment dans la continuité de la loi Pacte qui a posé quelques jalons juridiques en matière de RSE comme l’intégration dans le Code civil de l'obligation pour les entreprises d’intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans la gestion de leurs activités ou de créer la possibilité de devenir des entreprises à mission.
« Comme nous l’avons fait pour la transformation digitale de nos entreprises, nous devons accompagner avec la même conviction, cette nouvelle révolution entrepreneuriale qui met au coeur de la performance, le progrès social et environnemental » pic.twitter.com/l4AfICiLoJ
— Christophe Itier (@ItierCh) May 28, 2019
Si l’initiative séduit, en voulant sortir du cercle des convaincus et en tentant de concilier les impératifs écologiques et sociaux, la question reste de savoir qu’elle sera son efficacité. Les personnalités choisies pour présider les groupes de travail sont bien connues des cercles de la RSE ou de l’ESS, même si ceux-ci se croisent sans doute encore insuffisamment… Certains s’inquiètent de la coordination entre les différentes initiatives, notamment celle en cours sur la feuille de route des objectifs développement durable, et instances existantes (plateforme RSE, qui n'a pas été associée). Au risque de générer de la cacophonie et une overdose pour les personnalités déjà fortement sollicitées.
Elle aura cependant un atout : désigner plus clairement un interlocuteur pour les entreprises hors ESS engagées dans une économie plus inclusive et soucieuse des problématiques environnementales (entreprises à mission, B corp et autres entreprises contributives). Un point qui n’est sans doute pas tout à fait fortuit à l’heure où le domaine de compétences de Christophe Itier pourrait être élargi au-delà de l’ESS.
Béatrice Héraud @beatriceheraud