Publié le 04 juillet 2019
ÉNERGIE
Verdir l’économie : le défi du financement des technologies
Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, investisseurs et entreprises doivent mettre leurs efforts en commun pour financer les technologies bas carbone, assurent les différents acteurs, lors du Positive Investors Forum 2019 de Novethic. Pour celles qui sont le plus innovantes ou risquées, cela reste encore un véritable défi.
@Novethic / AFP-Services
Financer les technologies bas carbone, c’est le nerf de la guerre pour espérer atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. "Il n'y aura pas de progrès si nous ne cherchons pas de nouvelles technologies. Nous devons financer ces projets innovants à haut risque technologique et de marché. C’est quelque chose que les banques privées n’apprécient pas et c’est donc précisément là que les investisseurs publics doivent intervenir", assure Helmut von Glasenapp, Secrétaire général de l'European Long-Term Investors Association.
Cette entité regroupe les investisseurs institutionnels publics de long terme d’une vingtaine de pays européens comme la Caisse des dépôts ou Bpifrance pour la France. Parmi les technologies ayant le plus besoin de ce type de soutien : le stockage de l'énergie, "un domaine dans lequel nous avons besoin de plus de recherche", assure-t-il.
Un écosystème de financement public privé à développer
Pour autant, pas question, selon lui, d’évincer les acteurs privés de ce financement. "Nous devons au contraire, par notre présence, les attirer en les rassurant", souligne-t-il. Un point de vue partagé par EDF et Unibail-Rodamco-Westfield qui ont chacun des incubateurs ou partenariats avec des startups innovantes sur le sujet.
"La transition ne se fera pas qu’avec des normes, elle a aussi besoin de nouvelles technologies", estime Astrid Panosyan, directrice générale fonctions centrales du groupe Unibail-Rodamco-Westfield. Le groupe spécialisé dans l'immobilier commercial a ainsi créé un accélérateur de startups pour élaborer des technologies nouvelles destinées à créer de nouveaux types d’immeubles bas carbone. Un projet pilote est ainsi actuellement en cours dans le quartier de Montparnasse à Paris, pour tester un ciment bas carbone.
L’épineuse question du nucléaire
Chez EDF, un fonds d’investissement et incubateur, EDF pulse croissance, soutient les startups et projets innovants sur les nouvelles technologies comme le stockage de l’hydrogène ou sa production par électrolyse. Il est doté de 30 millions d’euros par an. Pour autant, pour Xavier Girre, le directeur financier d’EDF, pas question de tarir le flux financier vers les technologies plus anciennes comme le nucléaire. Or, celui-ci n’est pas intégré à la nouvelle taxonomie des activités vertes présenté fin juin par le groupe d’experts mandaté par la Commission européenne. Un document qui doit faire référence pour flécher les investissements verts dans l’Union…
"Je suis absolument convaincu que nous ne pouvons pas atteindre l’objectif de 1,5° ou de 2° sans l’énergie nucléaire", assure Xavier Girre, directeur financier d'EDF. Avec le nouveau club d’entreprises européennes mis en place au début de l’année sur la finance responsable, le Corporate Forum on Sustainable Finance*, le groupe entend donc bien remettre la technologie à l’ordre du jour des travaux qui mèneront à la version finale.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
*EDF, EDP, ENEL, ENGIE, Ferrovie dello Stato Italiane, Iberdrola, Icade, Ørsted, RATP, SNCF Réseau, Société du Grand Paris, SSE, Tennet, Terna, Tideway, Vasakronan